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Moyens de paiement

Avec l’abandon de Monnet, quel avenir pour le SEPA des cartes ?

Créé le

25.05.2012

-

Mis à jour le

30.05.2012

Deux ans après sa création, le consortium de 24 banques chargé de plancher sur l’étude de faisabilité d’un schéma de paiement 100 % européen, baptisé « projet Monnet », a jeté l’éponge. Dans une lettre adressée au Commissaire européen en charge de la concurrence, Joaquín Almunia, elles ont regretté qu'« en l’absence de perspective concernant les futurs business models, du fait la réglementation en vigueur, un tel investissement ne peut ni être envisagé, ni se justifier ». Depuis le lancement du projet, le point bloquant reste le même : le refus de la Commission de permettre au nouvel entrant de pratiquer, pendant la phase de lancement, des taux d’interchange plus élevés que ceux de Visa et Mastercard.

Cet abandon sonne-t-il le glas du marché unique européen des paiements par carte ? « D’autres initiatives sont en cours, rappelait le 4 mai Michel Barnier. Nous espérons que le processus de réflexion lancé par notre Livre vert créera un moment propice pour permettre à des projets européens de voir le jour. » Les deux projets concurrents de Monnet, Payfair et EAPS, continuent en effet leur chemin, lequel s'avère néanmoins semé d’embuches. Payfair, lancé en 2007, s’est déployé dans la plupart des terminaux de paiement belges via sa solution de titres repas électroniques. Mais en dehors de ce marché de niche, le « projet des commerçants », comme il est souvent surnommé, peine à convaincre les banques d’intégrer sa solution sur les cartes qu’elles émettent. « Pour que le niveau d’interchange trouve un vrai niveau de marché, il faut rendre obligatoire le “co-badging”, c’est-à-dire imposer d’héberger plusieurs schémas de paiement SEPA compatible sur une même carte. Cela déplacera la concurrence de la banque émettrice qui choisit seule quel schéma unique embarquer dans sa carte, vers la caisse du magasin où les consommateurs pourront opter pour le schéma qu'ils veulent », milite Dominique Buysschaert, cofondateur de Payfair.

L’interchange, point de blocage

Quant à EAPS, le « réseau des réseaux », il s’est peu développé depuis deux ans : seule l’acceptation des cartes allemandes dans les DAB britanniques est véritablement opérationnelle. Concernant l’interchange, il appliquait le principe de la négociation bilatérale entre ses membres, sans son intervention. « Nous nous sommes aperçus que, sans taux d’interchange par défaut, il était difficile pour les membres d’établir un business case et d’avancer sur le projet, explique Pascal Dufour, qui coordonne le projet. En concertation avec l'ensemble des acteurs impliqués, nous avons donc fixé un taux de référence de 0,2 % et nous nous attendons désormais à une démarche plus dynamique de nos membres dans le développement de l’offre EAPS. »

Les commissions multilatérales d’interchange (CMI) restent donc au cœur des difficultés du SEPA pour les cartes. Et la décision de la Cour de Justice européenne (voir Encadré), qui a confirmé le 24 mai l’obligation pour Mastercard de revoir ses CMI transfrontières, ne va pas aider à résoudre cette délicate équation.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº749