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Focus

Après le microcrédit, la micro-épargne

Créé le

29.04.2010

-

Mis à jour le

15.06.2010

Dépassé, le microcrédit ? Alors que son inventeur, le prix Nobel de la Paix Mohammad Yunus, parcourt le monde pour prêcher la bonne parole, c’est un nouveau concept qui a le vent en poupe parmi les professionnels de l’aide au développement : celui de la micro-épargne. Le présupposé de départ est le suivant : même les populations pauvres ont une capacité d’épargne mais pour des montants faibles qui ne correspondent pas à l’offre bancaire traditionnelle. C’est pourquoi, différents acteurs, banques locales mais aussi instituts de microcrédit, se penchent sur la question. Plus que la forme que prend ce produit d’épargne, c’est la manière dont il est distribué aux populations qui pose problème.

La Poste kenyane a ainsi lancé il y a un an un programme de recrutement d’agents n’appartenant pas au monde bancaire (épiciers, gérants de stations-service…) pour couvrir les zones reculées du pays. « L’idée est de démystifier l’épargne, faire en sorte qu’il soit naturel et sans danger d’aller porter ses économies à la banque, via ce réseau de représentants qui sont notamment choisis pour leur bonne intégration dans l’économie locale et la confiance qu’ils inspirent », explique Kipkorir Kiplagat, coordinateur du projet. Passée la phase de test, ce dispositif devrait être étendu à l’ensemble du Kenya, avec le support de la Banque mondiale et de la fondation Bill & Melinda Gates.

Mais ce sont parfois des initiatives totalement privées qui guident le développement de la micro-épargne. A l’instar de l’assureur Allianz Indonesia qui est en train de créer un produit de micro-épargne : les bénéficiaires d’un microcrédit peuvent mettre de côté un dollar par semaine pendant 5 ans, avec garantie des fonds, pour l’éducation des enfants. « Notre objectif est d’étendre le champ de nos clients potentiels, souligne Michael Anthony qui suit le projet depuis l’Allemagne. La micro-épargne est une étape de familiarisation avec les produits financiers. Nous pensons qu’en 2 ou 3 ans, ces personnes peuvent devenir des clients rentables. »

Enfin, spécificité de la micro-épargne, peu d’attention est porté au taux de rémunération du placement. C’est ce qu’explique Stephen Peachey de l’institut Oxford Policy Management : « Le plus important pour les populations pauvres n’est pas de toucher un intérêt mais de placer les économies en sécurité et qu’elles soient disponibles. »

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº724