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Actifs bancaires européens à vendre : quels acteurs américains pourraient en profiter ?

Créé le

19.12.2011

-

Mis à jour le

22.04.2014

À l’heure où les banques européennes cèdent leurs actifs, les acquéreurs le plus souvent cités sont asiatiques ou localisés dans les émirats. Les banques américaines, globalement mal en point, sont-elles totalement absentes de la course ?

Pour René-Pierre Azria, cofondateur de la banque d’affaires Tegris Advisors, deux banques américaines sont à même de profiter du déleveraging européen : JP Morgan Chase et Wells Fargo, « qui sortent renforcées de la crise ».

Les banques américaines devront compter avec la concurrence de leurs compatriotes fonds d’investissement. « Les hedge funds comme W.L. Ross, J.C. Flowers, ou Amber Capital sont sur les rangs et ils ont beaucoup d’argent, estime René-Pierre Azria. Les fonds de private equity également, mais ils sont limités par la réglementation. »

Banques et fonds américains regardent attentivement les opportunités. « Avec la chute de Dexia, les acquéreurs potentiels ont compris qu’ils doivent être capables de réagir très rapidement s’ils veulent profiter d’une opportunité. Pour cela, ils collectent des informations sur toutes les acquisitions potentielles », décrit René-Pierre Azria.

Les filiales américaines de banques européennes pourraient donc se faire avaler par des banques domestiques. Parmi les actifs qui aiguisent les appétits est souvent citée TCW, filiale de gestion d’actifs de Société Générale. « Dans ce hedge fund, certaines stars tentent d’influencer la négociation, relève René-Pierre Azria. En effet, lorsque des gérants stars font le succès d’une société d’asset management, l’acquéreur veut s’assurer du fait que cette personne restera en poste. Dès lors, les vedettes imposent leurs conditions, souvent en termes de rémunération, ce qui influence le prix auquel la transaction peut se faire. »

Très présent aux États-Unis, le courtier international Newedge, leader mondial sur l’exécution et la compensation des produits dérivés listés, suscite aussi bien des convoitises, même si ses codétenteurs (Société Générale et Crédit Agricole) ne confirment pas sa mise en vente.

Des prédateurs en Europe

Deutsche Bank, elle aussi, semble décidée à céder des activités comme le pôle d’investissement immobilier RREF qui est très présent aux États-Unis et pourrait être vendu à un opérateur local.

Certains acteurs américains visent également les actifs situés sur le Vieux Continent. Pour Georges Pujals, chargé d’études au Bureau Van Dijk, Bank of New-York-Mellon a des ambitions en Europe. State Street est également dans la course. Les cibles potentielles sont multiples. « Société Générale Securities Services pourrait être cédée à Amundi ou à d’autres acquéreurs mieux offrants », note Georges Pujals qui estime que la banque au logo rouge et noir est également susceptible de se délester de ses activités de services financiers spécialisés, « notamment en Europe de l’Est », précise l’économiste qui voit l’Américain General Electric Capital sur les rangs. Quant à BNP-Paribas, Georges Pujals pense qu’elle pourrait « céder son activité en Ukraine, UkrSibbank, et la foncière Klépierre qui n’est pas dans son cœur de métier ».

Les acteurs US regardent aussi en Amérique latine où des européens, comme l’espagnol Santander, semblent vouloir céder des actifs. Ils vont donc tenter, sur leur marché domestique et au-delà, de tirer profit des cessions européennes. S. G.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº744