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17 banques poursuivies aux États-Unis

Créé le

16.09.2011

-

Mis à jour le

29.09.2011

Le 2 septembre, la FHFA (Federal Housing Finance Agency) a engagé une procédure contre 17 banques américaines et européennes dans le cadre de l’affaire des subprime. Quelles sont les banques les plus concernées ?

La plus exposée est BankofAmerica, avec 57,2 milliards de MBS (produits susceptibles de véhiculer des crédits subprime titrisés, NDLR) vendus en direct ou au travers de Countrywide et Merrill Lynch. Puis viennent JPMorgan (33 Mds), Goldman Sachs (11,1 Mds) et Morgan Stanley (10,5 Mds). En dehors des États-Unis, Barclays est la plus concernée (30,4 Mds), puis Credit Suisse (14,1 Mds) et Deutsche Bank (14,2 Mds)… En fin de liste, on trouve Société Générale qui n’a cédé que 1,3 milliard.

Cette action judiciaire est-elle inquiétante pour le secteur bancaire ?

Il ne faut exagérer ni l’impact ni la signification de ces poursuites judiciaires. Les chiffres mis en avant par les médias (190 à 200 Mds de dollars) représentent le montant total des MBS achetés par Fannie Mae et Freddie Mac auprès de ces banques (commerciales ou d'investissement), non pas le montant perdu par Fannie et Freddy.

La maison de courtage Keefe Bruyette estime qu'il faudrait environ 60 milliards pour remédier aux torts allégués, mais de nombreux analystes estiment qu'un règlement à l'amiable pourrait être conclu pour un montant nettement moins élevé.

Quel montant les banques peuvent-elles espérer négocier ?

Je crois que la somme « modeste » de 20 ou 30 milliards peut être envisagée. Les autorités et même la FHFA ne veulent pas affaiblir le système bancaire américain. En effet, les autorités américaines (et la FHFA) ont compris depuis octobre 2008 la nécessité de renforcer les banques américaines, et non de les affaiblir…

Il est admis que les grosses pertes resteront au niveau de Fannie et Freddy et seront donc absorbées par l'État fédéral (et le contribuable). Ces pertes ont été estimées par la FHFA en 2010 : elles se situeraient entre 221 et 363 milliards si l'économie replonge dans une récession (double dip) avant 2013. Pour une partie de ce montant, la responsabilité des banques est recherchée, mais pour l’essentiel, seules les erreurs de jugement commises par Fanny et Freddy sont en cause.

Un règlement amiable à 20 ou 30 milliards ne risque-t-il pas tout de même d’affecter la rentabilité des banques ?

Non, il n’aurait pas d’impact sur la profitabilité des banques. En revanche, elle va être réduite pour d'autres raisons : l'objectif des autorités américaines est de pousser les banques à être aussi bien capitalisées que possible… à moyen terme. Comme les niveaux de fonds propres seront à l’avenir beaucoup plus élevés que par le passé, les perspectives de rentabilité sur fonds propres seront beaucoup plus basses que pendant les 20 dernières années. On peut pronostiquer des niveaux de 10 à 12 % de rentabilité sur fonds propres.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº740