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Les climate techs ont le vent en poupe aux États-Unis

Créé le

24.01.2023

-

Mis à jour le

06.02.2023

Portées par la loi énergétique IRA, les start-up en faveur du climat connaissent une véritable explosion. Aux collectes de fonds devrait s’ajouter la consolidation
d’une partie du secteur, qui a déjà commencé.

Un robot-planteur conçu pour réduire l’utilisation de produits chimiques ; une plante biotechnologique dépolluant l’air ; une voiture électrique capable de se recharger toute seule grâce aux panneaux solaires installés sur son toit ; l’utilisation de la blockchain pour suivre son empreinte carbone ; une plateforme d’échange de crédits carbone pour l’élevage de bovins. Les innovations issues de l’agritech et autres techs climatiques ont fait leur show au dernier Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, qui accorde une place croissante au développement durable.

Signe de l’explosion du secteur des climate techs aux États-Unis, pas moins de 14 300 start-up vertes y opèrent dans l’énergie, la mobilité, le bâtiment, l’agriculture ou l’économie circulaire avec pour but commun de décarboner l’environnement et lutter contre les impacts du changement climatique. D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 80 % des réductions d’émissions nécessaires d’ici 2030 proviendraient de technologies déjà sur le marché, mais l’accélération de l’innovation est essentielle pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

« Le nouvel eldorado »

Pour Roman Kramarchuk, analyste chez S&P Global Commodity Insights, leur impact est déjà bien réel. « Les climate techs jouent un rôle pour réduire les émissions en améliorant l’efficacité énergétique, en offrant des carburants à zéro carbone ou des technologies qui éliminent les émissions de l’atmosphère comme la capture directe de CO2 dans l’air », explique l’analyste. Matthieu Soulé, directeur du BNP Paribas C.Lab Americas, correspondant du Cardif lab à San Francisco, parle quant à lui de « nouvel eldorado ». Côté investissements, les technologies vertes ont levé 87,6 milliards de dollars outre-Atlantique contre 35,1 milliards de dollars en Europe entre 2010 et 2022 et près de 29 milliards de dollars rien qu’en 2022. « À contre-courant des marchés, le financement des climate techs est très susceptible d’augmenter en 2023 et 2024 », note Abe Yokell, associé principal de Congruent Ventures, qui s’attend à plus de deals et de collecte de fonds et à une croissance de l’écosystème des climate techs, en particulier dans l’électricité, le stockage d’énergie, l’hydrogène vert, la capture de carbone et l’électrification des transports. La consolidation du secteur devrait aussi se poursuivre dans l’espace de la décabornation, en particulier en ce qui concerne le Gaz naturel renouvelable (GNR), après une année 2022 très active en fusions-acquisitions (M&A), ajoute Kyle Hayes, Special Counsel chez Baker Botts, qui a récemment conseillé CIM pour l’acquisition de la plateforme de développement de GNR de MAS CanAm.

Au total, selon le fournisseur de données Pitchbook, le marché climate tech devrait peser 1, 4 billion de dollars d’ici cinq ans.

Une loi sans précédent

Mais l’adoption de la loi énergétique dite IRA (Inflation Reduction Act – loi sur la réduction de l’inflation), en juillet 2022, marque un vrai tournant. Dotée de 370 milliards de dollars, elle vise à réduire les émissions de 42 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2005, grâce à un système d’incitations fiscales massives. « Ils utilisent le bilan américain comme mécanisme de financement pour aider la transition vers le solaire, les véhicules électriques, le stockage d’énergie, la production d’hydrogène vert et la séquestration du CO2 », explique Roman Kramarchuk. Pour lui, le niveau, le degré et la durée des incitations et du crédit d’impôt (sur dix ans) sont sans précédent. « La nouvelle régulation américaine va faciliter l’équation économique pour les start-up », confirme Matthieu Soulé. Les experts prévoient que l’IRA stimule jusqu’à 550 gigawatts d’énergie publique propre d’ici la fin de la décennie.

Pour Abe Yokell, « les dix années de relance de la décarbonation contenues dans l’IRA agissent comme un accélérateur significatif. Elles marquent le début d’un supercycle dans l’investissement climatique, et à mesure que les technologies réduiront leurs coûts, ce cycle de rétroaction positive augmentera en intensité ».

Les investissements américains dans les climate techs en plein boom

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À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº877
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