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Cryptomonnaie

Diem : Facebook jette l'éponge

Créé le

01.02.2022

Annoncée tambour battant en 2019, la monnaie privée de Facebook a rencontré l'opposition des régulateurs et des États. Le groupe de Mark Zuckerberg, désormais dénommé Meta, vient de revendre Diem à la banque Silvergate Bank pour 200 millions d'euros.

Quand, en 2019, Facebook annonce vouloir lancer une monnaie indépendante des systèmes étatiques sous le nom de Libra, c’est une véritable révolution [1] . Très vite, ce projet devient une menace pour les différents régulateurs, législateurs comme banques centrales, qui y voient une remise en cause de leurs prérogatives régaliennes [2] . Trois ans plus tard, la bombe tant annoncée a été coulée. Le groupe Facebook est devenu Meta, entité chapeautant les réseaux sociaux Facebook et Instagram, mais aussi les messageries WhatsApp et Messenger.

Quant au projet Libra, rebaptisé Diem, il a d’abord perdu son directeur, David Marcus, fin 2021, avant d'être purement et simplement vendu ! L'acheteur ? Silvergate Bank, une banque spécialisée dans les crypto-actifs, qui avait justement été choisie en mai dernier pour devenir l'émetteur exclusif du stablecoin Diem aux États-Unis. Le rachat s’est effectué sur la base de 200 millions de dollars, soit peu ou prou le montant apporté lors du lancement du projet par Meta et la vingtaine d’autres membres de l’association Diem.

L’histoire n’est pas finie…

« C’est-à-dire que c'est à peine le prix du papier pour eux », constate Hervé Sitruk, président de France Payments Forum. Selon lui, Meta préfère arrêter les frais car « en termes d’image, c’est infernal pour l'entreprise et son business model premier n’est pas le paiement, mais bien de capter des données ». Autre motif, et non des moindres : l'entreprise n’avait pas convaincu jusqu’ici le FMI, la BCE et, dernièrement, la Fed américaine de sa bonne foi dans le lancement de son stablecoin. Un sacré revers pour Meta. « Mark Zuckerberg, son dirigeant, va avoir beaucoup de mal à faire oublier le fiasco de Diem, alors qu’il aura besoin d’une monnaie pour soutenir son métavers », rajoute Hervé Sitruk.

Pour autant, Meta n’est pas le seul géant du web à s’intéresser aux stablecoins. Début janvier 2022, PayPal, via sa filiale Curv, a confirmé travailler au développement de son propre stablecoin, son porte-parole prenant soin de préciser que la société « travaillera, bien sûr, étroitement avec les différents régulateurs concernés ».

Pour Hervé Sitruk, la fin de Diem est une leçon pour les autres acteurs, qui tireront les enseignements de cette saga sans pour autant renoncer au juteux marché des données liées aux paiements : « La réaction coordonnée et ferme des différentes banques centrales a fait reculer Facebook, mais l’histoire n’est pas finie. » Sous quelle forme ? Affaire à suivre.

S. C.

 

1 Hubert de Vauplane, « Facebook coin/Libra : cryptomonnaie ou crypto-actif ? », Revue Banque n° 834, p. 46.
2 « Dans la tourmente, Libra continue sa route », cahier Nouvelles Technologies, Revue Banque n° 837, p. 46.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº866
Notes :
1 Hubert de Vauplane, « Facebook coin/Libra : cryptomonnaie ou crypto-actif ? », Revue Banque n° 834, p. 46.
2 « Dans la tourmente, Libra continue sa route », cahier Nouvelles Technologies, Revue Banque n° 837, p. 46.