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Stabilité financière

Shadow Banking et NPL : la vigilance est de mise

Créé le

10.01.2024

-

Mis à jour le

25.01.2024

Après la stagnation économique européenne en 2023, 2024 s’annonce comme un défi majeur pour la stabilité financière. L’Autorité des banques européennes (EBA) prévient dans son Risk Assessment Report que l’environnement économique et géopolitique reste très incertain. La Banque de France (BdF), qui a publié son évaluation des risques du système financier français, n’observe pas d’instabilité́ financière majeure mais avertit qu’une « réappréciation des risques, en cas de choc macroéconomique ou géopolitique, pourrait se traduire par des mouvements de marchés adverses potentiellement amplifiés par des réactions procycliques de certains agents » de la finance non bancaire. Selon la BdF, les intermédiaires financiers non bancaires (NBFI) les plus vulnérables pourraient être ainsi exposés à des tensions de liquidité qui impacteraient le système financier.

D’après le Financial Stability Board, les actifs financiers mondiaux détenus par les NBFI, en baisse de 5,5 % en 2022 par rapport à 2021, atteignent la somme colossale de 217 900 milliards de dollars en 2022, soit une part de 47,2 %. D’après la BdF, l’actif des NBFI pèse 5 943 milliards d’euros en 2022, soit 31 % de l’actif des institutions financières de l’Hexagone. Le niveau élevé d’interconnexions entre NBFI ainsi qu’entre NBFI et banques françaises accroît le risque de propagation d’un choc, d’autant plus que deux-tiers des expositions directes avec des NBFI sont transfrontalières. L’EBA cite comme exemples de crises découlant d’interconnexions entre secteurs bancaire et non bancaire les chutes d’Archegos et de Greensill en 2021 ou la crise des fonds LDI britanniques en 2022. L’autorité chiffre les expositions directes des banques européennes aux NBFI à 7 % de leurs actifs totaux, concentrées dans quelques établissements. Les NBFI sont sources de risques de liquidité et de financement car ils sont les principaux acquéreurs d’obligations bancaires.

Une hausse attendue des NPL

La baisse des prêts non performants (NPL) amorcée depuis le pic de 1 000 milliards d’euros atteint en mi-2015 pourrait quant à elle être parvenue à son terme. Selon l’EBA, en juin 2023, les banques de l’UE ont déclaré 361 milliards de NPL (1,8 % de leurs prêts et avances) contre un plancher de 357 milliards en mars 2023. Au premier semestre, l’afflux net sur un an de NPL s’élevait à 6 milliards.

Pour Scope Ratings, les NPL augmenteront encore en 2024 et la qualité des actifs se détériorera progressivement avec les taux plus élevés et une reprise économique modeste dans la plupart des pays européens. L’agence n’écarte pas une matérialisation plus large du risque de crédit au second semestre en cas de ralentissement économique plus marqué ou une exacerbation des préoccupations concernant la qualité des actifs si les politiques monétaires restrictives sont prolongées. Pour autant, elle ne juge pas réaliste un doublement des NPL à 3 %, compte tenu, entre autres, de l’expérience acquise par les banques depuis 2015 dans leur gestion de ces derniers et d’une supervision plus proactive des risques de crédit.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº889
Un rebond rapide du ratio NPL en 2024 à 3 % peu réaliste, selon Scope Ratings
$!Shadow Banking et NPL : la vigilance est de mise
La part des NBFI* dans les actifs financiers mondiaux reste conséquente
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RB