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Politique monétaire

Inflation : les banques centrales en ordre dispersé

Créé le

28.12.2021

« Aux États-Unis, quand la Fed et le marché ne sont pas d’accord, ça finit toujours pareil : la Fed essaie de faire entendre sa voix, puis elle s’aligne sur le marché » : cette analyse d’un patron d’une petite société de gestion de la Place a été partiellement vérifiée en fin d’année 2021. L’objet du désaccord ? L’inflation ou, plus précisément, sa durée. Longtemps, Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale (Fed), a jugé que le phénomène n’était que temporaire. Les marchés, eux, étaient sceptiques. Mi-décembre, lors de sa dernière réunion de l’année, la Fed a fini par retourner sa veste. Terminé la hausse des prix éphémère et la politique monétaire accommodante. Résultat, la Fed va mettre fin plus rapidement que prévu au tapering : les achats de titres seront réduits de 30 milliards de dollars, contre 15 actuellement. Fin mars, ce programme sera achevé. Surtout, si les taux resteront proches de zéro, un certain temps, l’objectif médian s’établit à 0,92 % fin 2022, soit l’équivalent de trois hausses de taux.

La Fed est proche des attentes des marchés, mais la Banque d’Angleterre (BoE) se révèle aussi imprévisible que Boris Johnson. En novembre, à la surprise générale, elle n’avait pas bougé ses taux. En décembre, alors que les économistes attendaient qu’elle passe à nouveau son tour avant d’entamer son resserrement monétaire en 2022, la BoE a augmenté ses taux de 0,15 point, à 0,25 %. Il faut dire que la veille, les chiffres de l’inflation étaient sortis à 5,1 % sur un an.

Stoïque, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, « isn’t tapering ». Pas encore, du moins. Le programme d’achat de titres d’urgence à l’occasion de la pandémie s’arrêtera bien en mars, sans être prolongé, mais l’enveloppe du programme traditionnel (APP) sera revue à la hausse, jusqu’en octobre 2022. Si l’on en croit l’agence Reuters, la réunion de décembre a donné lieu à une violente passe d’arme contre les prévisions économiques des équipes de Philip Lane (voir détail des chiffres en ouverture de notre dossier, page 22). En cause, notamment, les prévisions d’inflation pour 2022, passées de 1,7 à 3,2 % de septembre à décembre, sans impact majeur sur la prévision 2023. Alors que ça bouge aux États-Unis et au Royaume-Uni, l’Europe ne change pas de jeu. Pour combien de temps ?

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº863-864