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Le financement des entreprises sur les marchés de capitaux a reculé de 35 % en France

Créé le

17.11.2022

Un “retournement majeur” de l’activité des marchés de capitaux : dans son rapport annuel “Union des marchés de capitaux - Indicateurs clés de performance”, publié ce jeudi, l’Association for Financial Markets in Europe (AFME) constate un retour aux niveaux d’avant la crise du Covid en ce qui concerne les financements de marché utilisés par les entreprises, avec un recul de 32 % du montant total des émissions de dette et d’actions (en glissement annuel au cours du premier semestre 2022).

La baisse la plus spectaculaire concerne les introductions en bourse dans l’Union européenne (UE), de 86 %. L’AFME pointe à ce sujet une hausse du coût du capital ainsi qu’un climat d’incertitude et de volatilité, liés au contexte socio-économique et géopolitique.

La France de son côté affiche une diminution de 35 % des émissions sur les marchés des capitaux par rapport à 2021, principalement due à une baisse des émissions obligataires. En revanche, l’AFME relève une “hausse significative” de l’octroi de nouveaux prêts bancaires en France en 2022, en hausse de 17 % par rapport à 2021 et 2019, soit la période pré-pandémie.

En phase ascendante également, la position de l’Hexagone dans le classement géographique en matière de capital-risque avant l’introduction en bourse ( de la 12e position en 2019 à la 8e, sur 27 pays). La position française reflète une tendance européenne avec des investissements en fonds propres restés soutenus, malgré un marché des introductions en bourse singulièrement atone, notamment en France, où elles ont chuté de 81 % par rapport à 2019.

Déficit de fonds propres et faiblesse du marché de la titrisation

De façon générale, Adam Farkas, directeur général de l’AFME, évoque une Union européenne “de plus en plus retrait par rapport à d’autres pays en termes d’attractivité mondiale”, avec un déficit de fonds propres qui “continue de se creuser”. Le rapport revient également sur la “faiblesse du marché de la titrisation”, indiquant qu’il a atteint son plus bas niveau historique. Pour Adam Farkas, ce sont là les “deux obstacles majeurs [qui] entravent l’achèvement de l’Union des marchés des capitaux”.

Deux notes positives cependant au niveau européen : la finance durable, avec une “croissance remarquable” des émissions ESG, passant de 31 milliards d’euros en 2017 à 360 milliards en 2021, et l’amélioration de la réglementation liée aux fintechs.

Sur ces deux sujets, la France obtient des résultats contrastés. Si elle peut s’enorgueillir d’être le premier pays émetteur d’obligations vertes (23,7 % du total des émissions européennes), elle est cependant seulement classée 18e quant à sa capacité à permettre l’émergence d’un écosystème fintech dynamique.

Elle occupe également cette malheureuse 18e place lorsqu’il s’agit de son intégration des marchés de capitaux au sein de l’UE. Une consolation, dans ce tableau hexagonal plutôt morose : l’activité sur les marchés français de la titrisation lors du premier semestre 2022 est équivalente à celle de l’ensemble de l’année 2021. Une exception à la tendance baissière européenne.

RB