Square
 

3 Questions à... Jean-Luc Mastin

« Je suis de plus en plus convaincu que la finalité première du contrôle est la crédibilité »

Créé le

22.05.2023

-

Mis à jour le

31.05.2023

L’historien Jean-Luc Mastin a dirigé, avec Béatrice Touchelay, l’ouvrage collectif Des banques sous surveillance ? Pour une histoire du contrôle bancaire
depuis le XIXe siècle. Presses Universitaires du Septentrion, 332 pages, 25 €.

Votre ouvrage est le premier en français sur l’histoire des systèmes de contrôle bancaire. Pourquoi ?

La France accuse en effet un retard historiographique sur ce thème, sans doute en raison du peu d’intérêt des historiens jusqu’ici et aussi parce que peu de banques ont à ce jour ouvert ou conservé leurs archives du contrôle. Issu d’un programme de recherche financé par la Mission histoire de la Société Générale et d’une journée d’études organisée à l’Université Paris 8, cet ouvrage pose des jalons, appelle les chercheurs à s’intéresser au sujet et interpelle les banques et l’AFB, pour les inciter à ouvrir davantage leurs archives.

Quels enseignements tirez-vous en ce qui concerne l’efficacité du contrôle bancaire ?

Replaçant la supervision prudentielle dans une perspective longue et comparative, l’ouvrage donne à voir la diversité des systèmes, des pratiques et des acteurs du contrôle, mais aussi les tensions et les rapports de force qu’il génère, sans oublier ses limites. Les crises et les scandales témoignent d’ailleurs plus des limites du contrôle que de l’amélioration de son efficacité. Mais cette question de l’efficience renvoie à celle des finalités réelles du contrôle : sont-elles vraiment la stabilité des banques et du système bancaire ainsi que la sécurité des déposants ?

Quel regard portez-vous sur les récentes réformes ?

Aujourd’hui, le système de supervision prudentielle mise sur un dialogue permanent entre les autorités de contrôle et les « assujettis », mais ce dialogue est propice à une « capture régulatoire » par les régulés eux-mêmes. L’ancien modèle de contrôle bancaire était fondé sur une approche plus verticale. Mais était-il plus efficace ? Tout système de contrôle est faillible. En fait, je suis de plus en plus convaincu que la finalité première du contrôle est la crédibilité : des banques, de la place financière et, en définitive, du contrôle lui-même. Les failles et les dysfonctionnements, connus de l’intérieur, doivent échapper au regard extérieur. Le secret bancaire est de mise, ici aussi.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº881
Des banques sous surveillance ? Pour une histoire du contrôle bancaire depuis le XIXe siècle
$!« Je suis de plus en plus convaincu que la finalité première du contrôle est la crédibilité »