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Rentabilité bancaire, modèles et paiements

Créé le

20.06.2023

Les règles européennes ne sont pas les seules visées. La France a les siennes propres, comme le taux de l’usure instaurant un plafond au taux – fixe – des prêts, dont la mise à jour mensuelle a été prolongée de juillet à la fin 2023, ou les critères d’octroi recommandés par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) pour les crédits immobiliers – assouplis le 14 juin. Tandis que Philippe Perret, directeur général de Société Générale Assurances, défend le « potentiel considérable » de la bancassurance, ces spécificités font sentir leurs effets depuis la phase de réévaluations des taux directeurs amorcée il y a un an par la Banque Centrale Européenne (BCE), jusqu’à l’annonce d’un nouveau relèvement de 25 points de base, ce 16 juin. La politique de lutte contre l’inflation menée par la BCE porte ses taux aux niveaux de novembre 2008 : 3,50 % pour le taux de dépôt et 4 % pour le taux de refinancement. Aux coûts de refinancement s’ajoute l’impact de l’épargne réglementée en France. Plus que jamais la maîtrise des risques de taux, de liquidité et de change, globalement la gestion actif-passif (ALM, Asset and Liability Management) est essentielle au pilotage financier et stratégique des banques.

L’interview du mois

Majeur également, l’enjeu des paiements en Europe. Il en va de la souveraineté du Vieux continent, la Commission européenne le soutient, la BCE aussi. Thierry Laborde, directeur général délégué de BNP Paribas, et Martina Weimert, directrice générale de l’European Payment Initiative (EPI) le répétaient dans l’entretien accordé à Revue Banque le mois dernier1, présentant l’EPI comme la solution. Gilles Grapinet, directeur général de Worldline, devenu numéro 4 mondial du paiement (4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022) après le rachat d’Ingenico, partage cet avis. Son groupe s’est associé aux travaux de préfiguration de l’EPI et a rejoint son actionnariat, aux côtés de 16 banques européennes.

Worldline a par ailleurs annoncé le 30 mai le succès du prototype de paiement de personne à personne (P2P) hors connexion, qu’il a livré à la BCE dans le cadre de l’étude d’un futur euro numérique. Cette monnaie de banque centrale, objet d’une communication spécifique ce 28 juin, est l’autre solution pour préserver la souveraineté européenne en matière de paiement.

Worldline, qui s’est développé par et pour les banques, est bien placé pour percevoir la fragmentation du marché des paiements en Europe, héritage de l’histoire monétaire pré-euro. Il l’est aussi pour appréhender d’autres spécificités locales en la matière. Outre l’interbancarité, l’acquisition des paiements distingue la France des autres pays européens. Or, l’alliance nouée entre Worldline et Crédit Agricole, qui dispose de près de 35 % de part de marché, pour constituer une co-entreprise – qui ne devrait tarder à être baptisée – dans les services de paiement aux commerçants va changer la donne en France. « À la fin de la décennie, nous ambitionnons vraisemblablement que la coentreprise totalise environ 300 millions d’euros de revenus », avance Gilles Grapinet.

Risques de marché et deep learning (page 72), facturation électronique (page 60), finance durable (page 82), etc. Les bouleversements auxquels les banques font face sont analysés dans Revue Banque, éclairés par les professionnels et experts. Si vous souhaitez faire partie de la communauté, rejoignez Revue Banque.

Bonne lecture et excellent été !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº882
RB