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Francfort-Paris : harmonisation et intégration

Créé le

22.05.2023

-

Mis à jour le

23.05.2023

Ce 1er juin 2023, la Banque Centrale Européenne (BCE) fête ses 25 ans. Un quart de siècle d’une politique monétaire dont l’objectif est de maintenir la stabilité des prix, et l’inflation annuelle « au-dessous, mais à un niveau proche, de 2 %, sur le moyen terme ». Cet élément essentiel de son mandat a pris un nouveau relief depuis la mi-2021. Jusque-là, durant les années 2000 en France, l’inflation n’a dépassé ce seuil des 2 %, en moyenne, qu’à cinq reprises : 2003, 2004, 2008 et 2011, « avec des causes extérieures en général bien identifiées », précise l’Insee. Si l’inflation a quasiment stagné en 2009, a été nulle voire légèrement négative en 2015-2016 et lors de la récente pandémie, elle a connu une forte accélération à l’été 2022. Depuis, les hausses de taux directeurs par la BCE et l’incertitude agitent les milieux économiques et financiers. Chaque mois, Revue Banque vous propose analyse et suivi de cette actualité (pp. 10-15 dans ce numéro).

Les critiques fusent désormais envers les politiques non conventionnelles auxquelles les banques centrales ont eu recours lors de la « Grande Récession » qui trouve son origine dans la crise des subprimes : la hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine a entraîné le renchérissement du coût de remboursement des crédits immobiliers. Par effet indirect – des produits financiers plus ou moins complexes –, la crise économique s’est propagée en 2007 des États-Unis au monde entier. De nouveau, la « Grande Dépression » qui a suivi le krach de 1929 sert de référence. Et la question se pose (pp. 16-17) : une crise financière est-elle inévitable ?

Pour la première fois en langue française, un ouvrage d’histoire comparative traite des modes de contrôle externe et interne des banques, instruments essentiels de la régulation (rubrique « Lectures », pp. 22-24). Il faut savoir tirer des leçons du passé, même récent. Cela n’exclut ni de s’inscrire dans le présent (rubrique « Perspectives », pp. 20-21) ni d’anticiper l’avenir (notre grand dossier, pp. 26-36). Encore moins de s’interroger sur la pertinence d’autres modèles (rubrique « Débat », pp. 18-19).

Initiative européenne

Dans ce contexte, la proposition de révision du cadre de l’Union européenne pour la gestion des crises bancaires et l’assurance des dépôts (« Un nouvel élan pour finaliser l’Union bancaire », en exclusivité sur revue-banque.fr) est majeure. Mais elle est contestée.

Le discours du 26 avril dernier, prononcé à Francfort par Andrea Enria, dont le mandat de président du Conseil de surveillance prudentielle de la BCE arrive à son terme à la fin de cette année, montre combien les « efforts » et « tentatives d’harmonisation » peuvent être « frustrés ». Pour lui, tout a commencé il y a 20 ans, 20 ans de travaux européens qu’il met en perspective. « Je pense que nous sommes à nouveau à un moment unique d’opportunité pour parvenir à une véritable intégration, et nous devrions fixer le niveau d’ambition aussi élevé que possible » : sa conclusion pourrait s’appliquer au-delà du reporting prudentiel. « Dans un sens, c’est une histoire classique d’intégration européenne, a-t-il déclaré lors de la conférence de reporting prudentiel 2023 de la BCE. Une histoire de friction entre les priorités et les perspectives nationales d’une part, et de réalisation des gains collectifs de la mise en commun de la souveraineté d’autre part. »

Harmonisation, intégration, friction... réalisation. Que n’a-t-on raillé l’incapacité des acteurs du marché à s’entendre pour un schéma de paiements en prolongement de l’Espace unique de paiement en euro (Sepa)? L’échec du projet Monnet en 2010 – une initiative franco-allemande pour constituer une alternative à Visa-MasterCard et rendre aux banques la maîtrise du marché des cartes – aurait pu se répéter avec l’initiative européenne des paiements, l’EPI. Finalement, après le retrait de plusieurs protagonistes nécessitant de réorienter le projet de départ, l’EPI va se concrétiser, avec une série de services innovants fondés sur le mode de consommation et d’achat qui émerge sur le Vieux Continent. Thierry Laborde, directeur général délégué de BNP Paribas, et Martina Weimert, directrice générale de l’EPI, ont répondu aux questions de Revue Banque (rubrique « L’interview », pp. 6-8). n

Très bonne lecture.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº881
RB