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La transmission de la politique monétaire fait son chemin

Créé le

19.12.2022

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Mis à jour le

02.01.2023

En lutte contre l’inflation, la BCE aura marqué 2022 avec une sortie d’hibernation très brutale de sa politique monétaire. Après la nouvelle hausse de ses taux de 50 points de base annoncée en décembre, la banque centrale a terminé l’année avec un taux refi à 250 points de base (pb) et un taux de dépôt à 200 pb du taux de dépôt. Son action est-elle efficace ? Il est trop tôt pour le dire. Le premier reflux en novembre de l’inflation de la zone euro à un taux annuel à 10 % (estimation rapide), après un pic de 10,6 % en octobre, vient essentiellement du recul du prix énergétique.

En revanche, sur le marché monétaire en zone euro, la normalisation des taux directeurs, selon la Banque de France (BDF), s’est transmise à 99 % en juillet, en septembre et novembre au compartiment des opérations de prêts non sécurisées au jour le jour dites « en blanc » via le taux €ster. Sur le compartiment sécurisé du repo – qui représente le gros du marché monétaire et où les opérations sont garanties par un collatéral comme les obligations d’État –, la transmission atteint en juillet seulement 77 % pour le marché repo allemand, contre 87 % à 91 % pour les taux repo français, italien et espagnol. En septembre, elle a évolué entre 94 % et 96 % pour les quatre marchés. La hausse de novembre n’a été suivie sur le repo allemand qu’à hauteur de 86 %, à comparer à 95 % pour le repo français. Cette différence « peut probablement être attribuée à une pénurie de collatéral », explique la banque, qui estime que ce phénomène de raréfaction peut s’atténuer grâce à la facilité de prêt de titres de l’Eurosystème, à la libération de collatéral découlant du prochain remboursement des opérations de TLTRO (Targeted Long Term Repo Operations) et des montants importants de prêts d’obligations allemandes sur le marché.

Des impacts différents en fonction des structures de dette

Du côté des agents économiques, la BDF indique qu’au premier semestre 2022, la hausse de taux de marché impactera plus rapidement les entreprises italiennes et espagnoles que les françaises et allemandes. En cas de nouvelle hausse de taux de 2 % au second semestre, l’institution évalue à 2,3 % la hausse, par rapport à janvier 2022, des taux d’intérêt moyens des dettes des entreprises en France et en Allemagne à l’horizon 2026, contre +2,5 % en Italie et +2,7 en Espagne. La structure de dette explique cet impact différencié. La part de dette à taux fixe représente 47 % et 62 % de la dette des sociétés transalpines et hispaniques, mais 83 % et 80 % pour les sociétés de l’Hexagone et d’Outre-Rhin. Les groupes d’Europe du sud, dont la durée de vie médiane de la dette est moins élevée (2,1 ans en Italie, 2,6 ans en Espagne) que celle des entreprises du cœur de la zone euro (3,5 ans en France, 3,4 ans en Allemagne), ont davantage recours à la dette variable, ce qui les rend plus sensibles aux hausses des taux.

En France, le tour de vis monétaire de la BCE est une bonne nouvelle pour les épargnants. Un peu moins pour les acheteurs immobiliers. Après une progression de 0,74 % en septembre, la rémunération moyenne des dépôts bancaires s’est renchérie à 0,8 % en octobre. Le taux moyen des prêts à l’habitat, hors frais et assurance, lui, est ressorti à 1,77 % en moyenne en octobre, après 1,68 % en septembre.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº875-876
RB