C’était une promesse électorale des Libéraux lors des élections de 2021 et une condition de leur participation au Gouvernement de coalition : l’Allemagne se prépare à consolider le volet capitalisation de son système de retraite. Le ministre libéral des Finances, Christian Lindner, a proposé de créer un fonds de 10 milliards au départ financés par la dette et qui alimentera la contribution de l’État dans les retraites. Cette contribution représente actuellement un quart du budget fédéral, avec plus de 110 milliards d’euros par an sur les 340 milliards de retraite légale versée actuellement à 21 millions de retraités allemands.
Le futur « fonds générationnel » devrait rapporter 150 milliards d’euros dans quinze ans, grâce au « différentiel de rendement », escompte le ministre. Il table sur un rendement similaire à celui engrangé actuellement par le Fonds de financement de la gestion des déchets nucléaires (Kenfo), auquel serait confié le futur Generationkapital.
Cet objectif est très optimiste, selon le président de l’institut de recherche du Handelsblatt, Bert Rürup : en supposant que le coût de la dette de l’État allemand se maintienne à 2 % et que le fonds obtienne un rendement de 6 % à long terme, il pourrait générer un revenu annuel net de 6 milliards d’euros, soit « environ six jours de dépense de l’assurance retraite actuel ».
L’alternative suédoise
Les Verts défendent une alternative : un fonds citoyen à la suédoise financé volontairement par les actifs. Ce produit standard, dont les frais seraient réduits au minimum, remplacerait l’actuel système de prévoyance vieillesse privé moribond, la « rente Riester ». Créée en 2002 pour compenser la baisse du revenu de base des retraités, la rente Riester devait permettre aux bas revenus de se constituer un patrimoine en déposant 4 % minimum de leur revenu dans un fonds ou une assurance vieillesse privé. L’État l’encourage, avec une aide directe annuelle forfaitaire de 175 euros par adulte et 300 euros par enfant ainsi qu’une déduction fiscale pouvant aller jusqu’à 2 100 euros par an.
Malgré ces aides fiscales, les produits « Riester » stagnent depuis dix ans. En cause : des coûts de gestion allant jusqu’à 20 % ou 30 % et un rendement inférieur à 2 %. L’État imposant de garantir à l’épargnant 100 % du capital de départ, « l’investissement a été tellement conservateur qu’au final, l’épargnant n’a plus beaucoup de rendement », a résumé Florian Toncar, secrétaire d’État aux Finances.
Un groupe de réflexion réunissant les différents acteurs du marché devrait présenter des propositions de réforme d’ici l’été. Les banques et assureurs ont déjà annoncé la couleur : « Nous ne sommes pas favorables à l’idée d’une prévoyance vieillesse publique concurrente des prestataires privés alors que l’État n’a pas les mêmes frais de marketing ou de distribution », commente Frank Breiting (DWS). La Fédération des assureurs, la GDV, plaide pour réformer la rente Riester en ne garantissant plus que 80 % du capital versé. L’État s’engagerait à verser 50 % des primes jusqu’à un maximum de 1 752 euros, soit un total de primes de 3 504 euros/an. Cette Bürgerrente, ou « rente citoyenne », proposée par la GVD n’a pas encore convaincu le Gouvernement.