Square
 

Politiques monétaires

La BCE accélère sa hausse
des taux historique

Créé le

21.09.2022

-

Mis à jour le

28.09.2022

Le tour de vis monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE) visant à juguler la flambée inflationniste en zone euro s’est intensifié. Après avoir relevé en juillet pour la première fois depuis 2011 de 50 points de base (pb) ses taux directeurs, l’institution monétaire a pris une nouvelle décision historique en septembre en les relevant tous de 75 pb. Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, appelé aussi le « taux refi », et celui de la facilité de prêt marginal ont ainsi été portés, respectivement, à 1,25 % et 1,5 %. Relevé de -0,5 % à 0 % en juillet, le taux de la facilité de dépôt, quant à lui, s’établit désormais à 0,75 %. Une décision qui a entraîné la suspension du « système à deux paliers » pour la rémunération des excédents de réserve. Mis en place fin octobre 2019, ce dispositif visait à soutenir la transmission bancaire de la politique monétaire en permettant qu’une partie de l’excédent de liquidité des établissements de crédit, c’est-à-dire l’excédent de leurs avoirs de réserve par rapport aux réserves obligatoires, ne soit pas soumise au taux négatif de la facilité de dépôt et soit rémunérée au taux annuel de 0 %.

Afin de tourner définitivement la page de sa politique monétaire très accommodante et d’assurer un retour au plus tôt de l’inflation vers son objectif de 2 % à moyen terme, la banque centrale n’a donc pas lésiné sur les moyens. « L’envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires, les pressions sur la demande dans certains secteurs sous l’effet de la réouverture de l’économie et les goulets d’étranglement du côté de l’offre continuent d’alimenter l’inflation », commente la BCE, qui ajoute que « les tensions sur les prix se sont encore amplifiées, et généralisées dans l’économie ». D’ailleurs, l’envolée du niveau général des prix ne connaît toujours pas d’accalmie. Au contraire. L’inflation en zone euro a atteint un record de 9,1 % en août selon la première estimation d’Eurostat. Cet environnement nourrit le scénario d’une nouvelle accélération à court terme de la hausse des prix. La BCE a ainsi revu en forte hausse ses projections d’inflation de juin, les relevant de 6,8 % à 8,1 % pour 2022, de 3,5 % à 5,5 % en 2023, de 2,1 % à 2,3 % en 2024.

Prévisions de croissance en baisse

En parallèle, l’érosion du pouvoir d’achat des consommateurs causé par le renchérissement des prix énergétiques et l’impact de la guerre en Ukraine sur la confiance des agents économiques sont des dynamiques qui ont amené la BCE à changer ses projections. Sa prévision de croissance pour 2022 est passée de 2,8 % à 3,1 % mais a été abaissée de 2,1 % à 0,9 % pour 2023 et de 2,1 % à 1,9 % pour 2024.

Dans ce contexte, l’institution communique davantage. Son Conseil des gouverneurs a d’ores et déjà annoncé au marché son intention de poursuivre son tour de vis monétaire au cours de ses prochaines réunions avec l’objectif de « freiner la demande et d’éviter le risque d’un glissement à la hausse persistant des anticipations d’inflation ». Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a déclaré qu’il y avait « encore du chemin à faire » et qu’une hausse de 75 pb n’était pas une norme. De fait, certaines banques centrales ont déjà procédé cette année à un relèvement de leurs taux de cette ampleur. C’est le cas de la Fed. Luttant contre une inflation qui a touché un plus-haut de 40 ans à 9,1 % en juin, la banque centrale américaine a procédé à trois hausses de taux de 75 pb consécutives, en juin, en juillet et en septembre, portant ses taux directeurs à une fourchette de 3 % à 3,25 %.

Les hausses des taux des deux côtés de l’Atlantique se répercutent sur le marché des changes. Jugé plus agressif par les marchés que celui de la BCE, le resserrement monétaire de la Fed entamé en mars a soutenu le billet vert qui a réendossé son statut de valeur refuge dans le contexte de guerre en Ukraine. Ce qui a nourri la chute à plusieurs reprises de l’euro/dollar sous la parité depuis la mi-juillet. La décision de la BCE du 8 septembre a en revanche redonné des couleurs à l’euro les jours suivants, permettant un retour temporaire du taux de change au-dessus de 1.

Une hausse historique des trois taux directeurs de la BCE (en %)

$!La BCE accélère sa hausse des taux historique
À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº872