Les RegTechs à la loupe

Avec le d&eacute;veloppement du cloud, du Big Data et de l'Intelligence artificielle (IA), un sous-secteur de l'industrie technologique appliqu&eacute; aux services financiers est apparu ces trois derni&egrave;res ann&eacute;es : la RegTech (Regulatory Technology). Combinant r&eacute;glementation et technologie, ces nouvelles applications sp&eacute;cialis&eacute;es dans la conformit&eacute; ont pu &eacute;merger gr&acirc;ce &agrave; un secteur bancaire ayant &agrave; g&eacute;rer de grandes quantit&eacute;s de donn&eacute;es et &agrave; un r&eacute;gime r&eacute;glementaire europ&eacute;en tr&egrave;s strict. Alors que les RegTechs se multiplient et sont de plus en plus consid&eacute;r&eacute;es par les institutions financi&egrave;res et les investisseurs, peu d'&eacute;tudes ont &eacute;t&eacute; consacr&eacute;es &agrave; ce secteur naissant. Sia Partners et AEC Fintech ont men&eacute; une &eacute;tude sur 80 RegTechs europ&eacute;ennes ciblant l&rsquo;industrie bancaire afin de combler cette lacune, et examinent de plus pr&egrave;s les diff&eacute;rents acteurs qui composent l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me europ&eacute;en RegTech et leur positionnement pour faire face aux besoins r&eacute;glementaires des banques. Profil type de la start-up L&rsquo;&eacute;tude men&eacute;e sur 80 RegTechs europ&eacute;ennes a permis d&rsquo;&eacute;tablir le profil type de la RegTech (voir Figure 1). La RegTech type se situe au Royaume-Uni (c&rsquo;est le cas pour 46,9 % des RegTechs &eacute;tudi&eacute;es) ; elle utilise l&rsquo;IA comme technologie (c&rsquo;est le cas pour 26,9 % des RegTechs &eacute;tudi&eacute;es en prenant en compte le machine learning, la &laquo; Robot Process Automatisation &raquo; (RPA) et le &laquo; Natural Language Processing &raquo; (NLP)) ; elle adresse la r&eacute;glementation de la 4e directive europ&eacute;enne sur la lutte anti-blanchiment ou &laquo; AML &raquo; pour &laquo; Anti-Money Laundering &raquo; (c&rsquo;est le cas de 18,9 % des RegTechs &eacute;tudi&eacute;es) ; elle est sp&eacute;cialis&eacute;e dans le domaine de &laquo; conna&icirc;tre son client &raquo; pour &laquo; Know your Customer &ndash; KYC &raquo; (27,2 % des RegTechs &eacute;tudi&eacute;es) et elle s&rsquo;adresse au secteur de la gestion d&rsquo;actif (28,4 % des RegTechs &eacute;tudi&eacute;es). D&rsquo;autre part, les RegTechs ont &eacute;t&eacute; &agrave; 86 % cr&eacute;&eacute;es apr&egrave;s 2008, soit au moment de la crise financi&egrave;re et de la nouvelle &egrave;re de r&eacute;glementation financi&egrave;re qui a suivi (voir Figure 2). La RegTech type a ainsi &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e en 2013, mais les nouvelles r&eacute;glementations restent nombreuses apr&egrave;s 2013 bien que le nombre de RegTechs diminue. En effet, depuis 2015, pas moins de 18 nouvelles directives ou r&eacute;glementations ont &eacute;t&eacute; annonc&eacute;es pour une mise en œuvre entre 2016 et 2020. Enfin, le nombre de collaborateurs des RegTechs varie en fonction de l&rsquo;anciennet&eacute; de la start-up (voir Figure 3), les RegTechs jeunes ayant logiquement moins de collaborateurs que les plus anciennes. La moyenne du nombre d&rsquo;employ&eacute;s des RegTechs &eacute;tudi&eacute;es s&rsquo;&eacute;tablit &agrave; 24 employ&eacute;s. Le business model Les RegTechs s&rsquo;appuient principalement sur un business model SAAS (Software As A Service) : l&rsquo;entreprise propose un software bas&eacute; sur une ou plusieurs technologies qui est ensuite vendu aux institutions financi&egrave;res (avec ou sans condition de mise en place op&eacute;rationnelle et/ou maintenance en fonction des entreprises). D&rsquo;autre part, afin de cr&eacute;er une RegTech, des fonds sont en g&eacute;n&eacute;ral lev&eacute;s aupr&egrave;s de diff&eacute;rents investisseurs pour pouvoir lancer la start-up. Le graphique ci-contre pr&eacute;sente le top-10 des RegTechs ayant r&eacute;colt&eacute; le plus de fonds (voir Figure 4). En t&ecirc;te du classement des montants lev&eacute;s en capital-risque, Fenergo (65,4 M&euro;) a b&eacute;n&eacute;fici&eacute; de sa maturit&eacute; et de l&rsquo;&eacute;tendue de ses solutions (KYC/AML, conformit&eacute; fiscale, int&eacute;gration client et gestion du cycle de vie). Suivent Onfido (49 M&euro;), sp&eacute;cialis&eacute;e dans la v&eacute;rification d&rsquo;identit&eacute; et OpenGamma (32,7 M&euro;), une soci&eacute;t&eacute; d'analyse experte dans la r&eacute;solution des d&eacute;fis MiFID II (directive sur les march&eacute;s d&rsquo;instruments financiers) sur les march&eacute;s d&eacute;riv&eacute;s. &Agrave; noter en 5e position, Behavox (17,4 M&euro;), un outil de surveillance du march&eacute; aliment&eacute; par l'IA. En termes de fusions-acquisitions, les institutions financi&egrave;res n&rsquo;apparaissent pas &agrave; ce stade comme des potentiels acqu&eacute;reurs. Les institutions financi&egrave;res se positionnent avant tout comme des clients, d&rsquo;ailleurs, dans le cadre de notre &eacute;tude, nous constatons que l&rsquo;essentiel des revenus g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par les RegTechs provient de ces derni&egrave;res. Il y a des prises de participations minoritaires, comme par exemple BNP Paribas et son investissement de 15 % dans la RegTech Fortia Financial Solutions mais l&rsquo;essentiel vient de soci&eacute;t&eacute;s technologiques. Quelques op&eacute;rations de fusions &amp; acquisitions de grande envergure ont eu lieu depuis 2015 sur le secteur de la RegTech europ&eacute;enne men&eacute;es en majorit&eacute; par de grands groupes am&eacute;ricains : Dynatrace a ainsi jet&eacute; son d&eacute;volu sur le suisse Qumram (communication monitoring), Nasdaq sur le britannique Sybenetix (market surveillance) et Transunion sur l&rsquo;irlandais Trusdev (transaction monitoring). Les services offerts Les 80 entreprises europ&eacute;ennes de RegTech analys&eacute;es par l&rsquo;&eacute;tude couvrent huit sous-cat&eacute;gories correspondant &agrave; des enjeux de r&eacute;glementation et de conformit&eacute; cruciaux pour l&rsquo;industrie bancaire : la gestion et le contr&ocirc;le des identit&eacute;s, le reporting r&eacute;glementaire, la gestion des risques, le suivi des transactions, la gestion de la conformit&eacute;, le contr&ocirc;le de la communication, la surveillance des march&eacute;s et les contr&ocirc;les automatis&eacute;s (voir Figure 5). Le &laquo; conna&icirc;tre son client &raquo; ou &laquo; Know your customer &raquo; qui correspond &agrave; l&rsquo;obligation pour les institutions financi&egrave;res de conna&icirc;tre leurs clients est propos&eacute; par 27,2 % des entreprises &eacute;tudi&eacute;es. Leurs solutions incluent : la cr&eacute;ation de synergies &agrave; travers une base de donn&eacute;es Blockchain partag&eacute;e d'informations KYC entre les diff&eacute;rentes filiales d'une m&ecirc;me banque ; l&rsquo;identification des profils biom&eacute;triques comportementaux des utilisateurs en ligne ; l&rsquo;automatisation des contr&ocirc;les de lutte contre le blanchiment d&rsquo;argent en mettant en œuvre des API (interfaces de programmation applicative) pour relier les bases de donn&eacute;es des organismes de contr&ocirc;le aux bases de donn&eacute;es des clients. L'autre type de r&eacute;glementation le plus investi par les entreprises du secteur est la gestion du reporting r&eacute;glementaire avec 27,2 % d&rsquo;entre elles qui pr&eacute;sentent des solutions dans ce domaine. Ces derni&egrave;res permettent de : automatiser la production de rapports r&eacute;glementaires ; soutenir et uniformiser la distribution transfrontali&egrave;re des fonds d'investissement ; faciliter la supervision des soci&eacute;t&eacute;s financi&egrave;res par les autorit&eacute;s de r&eacute;gulation avec un portail de soumission de donn&eacute;es sur le Web et une validation en temps r&eacute;el. Puis, les soci&eacute;t&eacute;s de RegTechs se concentrent sur de nouvelles fa&ccedil;ons de g&eacute;rer les risques li&eacute;s &agrave; la data (Risk Data Management, RDM) avec 13,6 % de l'&eacute;chantillon &eacute;tudi&eacute;. Le suivi des transactions est la quatri&egrave;me probl&eacute;matique regroupant le plus de soci&eacute;t&eacute;s RegTechs (11,1 %). Elles offrent des solutions destin&eacute;es &agrave; assurer le suivi de toutes les donn&eacute;es clients en temps r&eacute;el, l&rsquo;identification des activit&eacute;s illicites et le contr&ocirc;le des &eacute;l&eacute;ments d'identit&eacute; physiques et num&eacute;riques. Enfin, les RegTechs se positionnent sur la surveillance des communications pour 6,2 % des entreprises &eacute;tudi&eacute;es, sur la surveillance des march&eacute;s (6,2 %), sur la gestion de la conformit&eacute; (4,9 %) et l&rsquo;automatisation des contr&ocirc;les (3,7 %). Les innovations technologiques utilis&eacute;es Les technologies utilis&eacute;es par les RegTechs sont diverses. Elles utilisent majoritairement l&rsquo;IA (26,9 % des entreprises &eacute;tudi&eacute;es), le &laquo; machine learning &raquo;, le &laquo; natural language processing &raquo; et la &laquo; robot process automatisation &raquo;. On peut n&eacute;anmoins souligner que les technologies utilis&eacute;es par les RegTechs varient en fonction des enjeux de r&eacute;glementation qu&rsquo;elles adressent. Ainsi, l&rsquo;IA constitue la technologie la plus utilis&eacute;e par les RegTechs qui s'attaquent aux d&eacute;fis li&eacute;s &agrave; la gestion et au contr&ocirc;le de l'identit&eacute; avec 34,6 % de solutions bas&eacute;es sur cette technologie ; en revanche, le cloud constitue la technologie la plus utilis&eacute;e par les RegTechs qui s&rsquo;attaquent aux d&eacute;fis de reporting r&eacute;glementaires (35,5 % de solutions dans ce domaine). Une image positive des nouvelles technologies &Agrave; une &eacute;poque o&ugrave; l'IA suscite de plus en plus d'inqui&eacute;tudes, o&ugrave; les grandes entreprises brassent une masse consid&eacute;rable de donn&eacute;es et o&ugrave; les banques n&rsquo;ont jamais consacr&eacute; autant de ressources et de moyens financiers pour assurer la conformit&eacute; aux risques, &agrave; la r&eacute;glementation, &agrave; l&rsquo;utilisation des donn&eacute;es et &agrave; la connaissance du client, la RegTech peut offrir des solutions efficaces en contribuant &agrave; donner une image plus positive de ces nouvelles technologies notamment en termes de protection. Les technologies qui aident &agrave; d&eacute;tecter et &agrave; pr&eacute;venir les transactions illicites et les comportements frauduleux peuvent ainsi &ecirc;tre d'une aide consid&eacute;rable dans la gestion des risques par des institutions financi&egrave;res d'importance syst&eacute;mique dans le monde entier. Les RegTechs peuvent en cons&eacute;quence s'av&eacute;rer crucial pour r&eacute;tablir la confiance dans les banques et le syst&egrave;me financier au sens large.

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