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3 questions à... Michel Aglietta

« Il faut en finir avec le néolibéralisme »

Créé le

15.03.2024

-

Mis à jour le

15.04.2024

Spécialiste des questions de régulation économique, Michel Aglietta a coécrit, avec Étienne Espagne, « Pour une écologie politique – Au-delà du capitalocène », un ouvrage ambitieux et transdisciplinaire pour comprendre l’articulation du capitalisme et de l’écologie.

Au terme de votre étude, pensez-vous que le capitalisme soit compatible avec les limites écologiques ?

Les procédés d’accumulation du capital ont bouleversé les équilibres écologiques et les moyens de subsistance des sociétés. L’objet de ce livre est d’analyser la dynamique des grands régimes historiques de viabilité pour, in fine, tenter de dégager les principes d’une écologie politique compatible avec les limites planétaires. Nous montrons qu’au cours de son développement historique, le capitalisme a endommagé gravement l’environnement naturel en le prenant pour un don gratuit et en négligeant la dette écologique dont l’humanité est redevable. Si on veut établir une écologie politique de la viabilité au XXIe siècle, il faut intégrer le respect des limites planétaires. Rompant avec le concept néoclassique standard, la théorie de la viabilité que nous défendons décrit les évolutions dynamiques d’un système de contraintes socio-économiques et environnementales.

Vous préconisez « un New Deal global, gouverné par une coopération internationale institutionnalisée ». Quelles sont les conditions de sa mise en place ?

Il faut en finir avec le néolibéralisme et créer une mobilisation collective avec un retour en force de l’État. On a besoin d’une régulation, d’une planification écologique qui s’inscrive dans la durée. Seul un pacte politique, étendu à la planète, peut conduire une écologie politique pérenne. Évidemment, cela implique un dialogue des cultures, alors que nous vivons dans un monde de rivalités. Il faudrait que les Nations unies acquièrent un pouvoir politique pour intervenir de manière active.

Quel rôle peut jouer la monnaie dans l’instauration d’une écologie politique ?

C’est elle qui détermine la valeur et elle est fondamentale dans la mise en place d’une nouvelle gouvernance des biens communs. Elle est le lien social fondamental par lequel un système de coopération institutionnalisée pourrait être établi au niveau mondial.

$!« Il faut en finir avec le néolibéralisme »

Pour une écologie politique – Au-delà du capitalocène. Odile Jacob, 480 pages, 27,90 €.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº891
RB