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3 Questions à... Alexis Rostand

« C’est en renouant le dialogue entre les disciplines que l’on pourra se prémunir contre un savoir totalitaire »

Créé le

09.02.2023

-

Mis à jour le

09.03.2023

Économiste, spécialiste de l’investissement, Alexis Rostand invite à une lecture critique du capitalisme dans son ouvrage « L’Économie, science barbare ? Une philosophie de l’investissement », préfacé par Pierre de Lauzun et publié chez Boleine, 212 pages, 15 €.

L’économie est-elle une science ?

Oui. Mais ce n’est pas une science exacte, car, pour citer Von Mises, l’homme n’est pas un rat de laboratoire. En outre, en se pensant mathématisable et autonome, l’économie s’est coupée des autres disciplines et elle est devenue barbare, au sens de Jean-François Mattei. Ce compartimentage des savoirs, lié à un souci d’efficacité, a fait disparaître la réflexion fondamentale sur les fins de l’action.

Dès lors, comment appréciez-vous le discours ambiant sur la finance responsable ?

Il n’a jamais été autant question de redonner du sens à ce que l’on fait. En économie, le souci affiché de réintroduire de la morale est appréhendé via une sensibilisation aux enjeux de l’investissement responsable, favorisée par l’émergence de normes réglementaires. Il est vrai que l’investissement est un acte central : c’est par lui que le capital et le travail s’articulent. C’est un acte socialement essentiel qui engage la responsabilité de l’investisseur. Malheureusement, la finance a eu tendance à s’éloigner des enseignements fondamentaux et des outils conceptuels nécessaires à la compréhension des enjeux et à la recherche de sens et de morale. Cet essai cherche à y remédier.

Une économie morale et humaniste est-elle vraiment envisageable ?

Pour y parvenir, il faut cesser de disjoindre mécanismes économiques, comportement moral et accomplissement personnel. C’est en renouant le dialogue entre les disciplines que l’on pourra se prémunir contre un savoir totalitaire. Pour redonner du sens et une certaine dignité à l’acte d’investir, l’économie doit renouer le dialogue avec l’histoire et la philosophie. On peut y voir le retour du « souci de l’âme » qui a déserté les cursus d’enseignements et qui pourrait ainsi y revenir par l’économie.

$!« C’est en renouant le dialogue entre les disciplines que l’on pourra se prémunir contre un savoir totalitaire »
À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº878
RB