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Le sport, un business gagnant pour la finance américaine

Créé le

10.01.2024

-

Mis à jour le

23.01.2024

Aux États-Unis, les services financiers sont la deuxième industrie sur le terrain compétitif du parrainage sportif.

Pratiqué dès le plus jeune âge, le sport est omniprésent au sein de la culture américaine. C’est même une véritable institution qui suscite un engouement populaire et attire des financements mirobolants. Selon le fournisseur de données GlobalData, le sponsoring sportif atteint ainsi près de 20 milliards de dollars en 2023, dont 41 % en Amérique du Nord. Ce total englobe le parrainage d’équipes (63 %) mais aussi d’évènements sportifs, de fédérations, de stades et de joueurs. En deuxième position derrière l’industrie des boissons, le secteur financier, incluant banque, assurance et cryptos, a déboursé 2,42 milliards de dollars en sponsoring sportif.

Aux États-Unis, plus de 1 950 banques sponsorisent le sport et ont en moyenne trois contrats de parrainage par marque, selon un rapport de SponsorUnited. Parmi elles, PNC Bank arrive en tête, avec 170 transactions, suivie par Citi et Bank of America.

« La principale différence avec l’Europe est qu’aux États-Unis, l’accent est davantage mis sur les contrats de sites sportifs. La plupart des stades ou arènes prennent le nom de leur partenaire, contrairement à l’Europe, où ce type d’accord est beaucoup moins fréquent », souligne Conrad Wiacek, analyste sportif chez GlobalData. Parmi les 1 955 deals actifs cette année, le contrat record entre le club de football de Los Angeles et la Banque de Montréal (BMO) pour le BMO Stadium est estimé à 100 millions de dollars. « Grâce au stade BMO, nous partagerons notre passion pour le soccer et notre engagement envers la communauté de Los Angeles », a déclaré Cameron Fowler, chef de la stratégie de la banque.

Fans des Warriors

L’intérêt marketing pour les banques est indéniable. « C’est une façon de créer un lien émotionnel avec une marque et de booster leur notoriété. Le secteur financier n’est pas particulièrement sexy, donc s’associer au sport, qui est une vraie passion, le rend plus glamour », explique Conrad Wiacek.

Un impact confirmé par une enquête de SponsorPulse selon laquelle 38 % des fans des Warriors sont plus enclins à acheter des produits Chase, grâce au partenariat annuel de 10 millions de dollars pour les droits de dénomination du Chase Center de San Francisco où joue l’équipe-phare de la NBA. Plus globalement, 23 % des Américains déclarent qu’un parrainage positif augmente leurs chances d’acheter la marque.

Pourtant, le paysage change. Alors que les cryptos ont été très actives en 2021 et 2022, les banques apparaissent comme des partenaires plus fiables qui investissent à long terme. « C’est la principale chose que les organisations sportives recherchent dans ce type de partenariat », note Conrad Wiacek.

Les cinq premières banques sponsors de sport aux États-Unis en 2023

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À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº889
Le groupe français BNP Paribas, sponsor-titre d’Indian Wells
Niché dans le désert californien, Indian Wells accueille chaque année en mars le BNP Paribas Open. L’histoire du sponsoring du tournoi est digne d’un roman. Entre 2002 et 2008, l’assureur Pacific Life a été le sponsor principal du tournoi de tennis californien. Mais en 2008, la crise des subprimes met brutalement la finance mondiale dans la tourmente et les masters d’Indian Wells se retrouvent sans sponsor-titre. « En 2008, au beau milieu de la crise financière, le tournoi perd son sponsor principal, Pacific Life, et cherche en toute urgence un nouveau partenaire », explique Vincent-Baptiste Closon, responsable des partenariats de la banque. Du fait de sa présence dans le tennis, BNP Paribas est sollicitée. « Mais la priorité à Paris à ce moment-là c’était la gestion de la crise financière, pas le tennis », raconte-t-il.
« On a fait venir Charles Pasarel, Raymond Moore et Steve Simon, anciens joueurs professionnels et fondateurs du tournoi, à Paris. C’était le jour même de la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008 », se rappelle avec émotion Jean-Yves Fillion, vice-président du Conseil d’administration de l’entité américaine de BNP Paribas et passionné de tennis. Peggy Michel, directrice-adjointe du tournoi, vice-présidente des ventes et du sponsoring et également ancienne joueuse spécialiste du double, était aussi du voyage. « C’était le jour où les marchés se sont effondrés, les responsables de la banque nous ont dit que ce n’était pas le moment de leur demander du sponsoring ou de l’argent », explique-t-elle. À la sortie du rendez-vous, Charles Pasarel et Raymond Moore décident donc de rentrer directement aux États-Unis.
Alors que Peggy Michel est en route pour l’aéroport, son téléphone sonne et elle reçoit l’accord verbal de BNP Paribas pour sponsoriser le tournoi. « Contre toute attente, alors que le sujet aurait tout à fait pu être mis de côté, les dirigeants de la banque parisienne prennent le temps d’examiner le dossier et y répondent positivement. C’est comme cela que nous nous sommes retrouvés à accompagner un des plus grands tournois du monde », résume Vincent-Baptiste Closon.
Le tournoi change alors de nom et devient le BNP Paribas Open. Un contrat de cinq ans et d’un montant annuel de 1,9 million d’euros est rapidement signé. La même année, le tournoi est racheté par Larry Ellison, P-DG d’Oracle, pour 100 millions de dollars. Le contrat de BNP Paribas, déjà renouvelé deux fois, expire en 2024.
RB