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Les évolutions des taux directeurs
vont animer les marchés en 2024

Créé le

09.01.2024

-

Mis à jour le

02.02.2024

Depuis la fin de l’été 2023, le ralentissement économique des deux côtés de l’Atlantique a déclenché le reflux tonitruant de l’inflation, tandis que la mise en pause des politiques monétaires restrictives a renforcé l’idée que les « taux pivots » des banques centrales sont désormais atteints. Sur ce terrain, la Réserve Fédérale américaine (Fed) est bien placée pour lancer le mouvement d’assouplissement monétaire. Le 13 décembre, elle a opté pour le troisième statu quo d’affilée depuis juillet, laissant inchangée la fourchette cible de ses fonds fédéraux entre 5,25 % et 5,50 %. En dépit du ralentissement de l’activité économique aux États-Unis par rapport à son rythme soutenu au troisième trimestre et des conditions financières et de crédit plus strictes, les gains d’emplois restent solides et le taux de chômage demeure bas.

Surtout, bien qu’elle ait baissé, l’institution considère l’inflation comme toujours élevée. Presque trois fois inférieur à son pic de +9,1 % atteint en juin, l’indice global des prix (CPI) a d’ailleurs légèrement rebondi à +3,4 % en décembre par rapport à 3,1 % en novembre. Alors que l’objectif d’inflation de 2 % est en vue, le discours du président de la Fed, Jerome Powell, a nourri, sur les marchés, le scénario de trois baisses de taux cette année, avec un premier geste anticipé en mars. Le banquier central a indiqué que le scénario médian le plus probable issu des évaluations individuelles des membres du comité de la Fed (FOMC) montre des taux des fonds fédéraux à 4,6 % à la fin de 2024, à 3,6 % à la fin de 2025 et à 2,9 % à la fin de 2026. S’ils ne considèrent pas qu’un relèvement supplémentaire des taux d’intérêt est approprié, les membres du FOMC n’excluent pas cette possibilité. La projection médiane d’inflation, elle, ressort à 2,8 % en 2024, à 2,4 % en 2025 et à 2 % en 2026.

Une baisse déjà anticipée

De son côté, la Banque Centrale Européenne (BCE) a laissé inchangé, le 14 décembre, le taux de ses opérations principales de refinancement à 4,5 %, alors que l’inflation en zone euro s’est légèrement écartée de son niveau cible de 2 %, en rebondissant de +2,4 % en novembre à +2,9 % en décembre. La BCE prévoit qu’elle va remonter temporairement à court terme pour s’établir à 2,7 % en 2024, puis reculer à 2,1 % en 2025 et à 1,9 % en 2026. À ses yeux, « les tensions sur les prix intérieurs restent soutenues, en raison principalement d’une croissance dynamique des coûts unitaires de main-d’œuvre » et « les taux se situent à des niveaux qui, maintenus pendant une durée suffisamment longue, contribueront fortement à atteindre » l’objectif des 2 %.

Pour autant, les marchés anticipent une première baisse des taux en zone euro en avril. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a toutefois averti qu’il ne fallait « pas baisser la garde » en référence aux « risques géopolitiques » et aux « événements météorologiques extrêmes ».

Sur le marché de la dette souveraine, les baisses de taux de la BCE ont déjà été intégrées en partie. Le rendement du Bund à 10 ans, qui a atteint un plus-haut en 2023 de 3,02 % lors de la séance du 4 octobre, se traitait à 2,19 % le 15 janvier 2024. Les Treasuries à 10 ans ont perdu plus de 100 points de base depuis leur plus-haut de 5,02 % du 23 octobre, s’échangeant à 3,98 %. Les prochains discours de politique monétaire pourraient encore changer la donne.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº889
Le reflux de l’inflation outre-Atlantique ralentit
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