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Marché bancaire

Les banques centrales à la rescousse

Créé le

13.04.2023

-

Mis à jour le

17.04.2023

La chute de la Silicon Valley Bank (SVB), le sauvetage in extremis de Credit Suisse par UBS et les craintes sur la dette subordonnée de Deutsche Bank ont généré en mars une panique des marchés. Entre crainte d’une fuite des dépôts et débâcle en bourse, les banques centrales ont agi vite pour éviter tout effet de domino. En témoignent la mise à disposition post-SVB par la Réserve fédérale américaine (Fed) d’une ligne de crédit de 25 milliards de dollars aux institutions de dépôt éligibles, via un programme de financement à terme bancaire, et les accords de swaps de liquidités en dollars américains entre les banques centrales (Canada, Angleterre, Japon, Suisse, Banque Centrale Européenne et Fed), visant à atténuer les tensions sur les marchés de financement mondiaux.

Pour soutenir Credit Suisse et maintenir la stabilité financière, la Banque nationale suisse a sorti le grand jeu. Elle a octroyé à la banque victime d’une crise de confiance historique de ses clients un emprunt à court terme de 50 milliards de francs suisses (autant en euros) et rendu possible, avec les autorités de marché et publiques suisses, la fusion d’urgence avec UBS, apportant son aide à l’opération sous la forme d’un prêt – jusqu’à 100 milliards – couvert par une garantie de l’État.

La normalisation se poursuit

Les autorités bancaires américaines, britanniques et européennes, qui ont salué ces mesures, ont tenté de juguler l’affolement des marchés en communiquant sur la résilience de leur système bancaire respectif. Le Comité de Bâle a souligné les bienfaits des réformes de Bâle 3 de l’après-crise de 2008, qui « ont aidé le système bancaire mondial à absorber différents chocs et à continuer de prêter aux ménages et aux entreprises solvables ». Depuis 2011, le ratio de levier est passé de 3,5 % à 6,5 %, tandis que le ratio Common Equity Tier 1 (CET1), basé sur le risque des banques, s’est renforcé de 7 % à 13 %. Les ratios de liquidité à court terme (LCR) et structurel de liquidité à long terme des banques (NSRF) restent élevés, à 140 % et 125 %. Au sujet du traitement des dettes hybrides, la supervision bancaire de la BCE, le Conseil de résolution unique et l’Autorité bancaire européenne ont rappelé qu’en temps de crise « les instruments de fonds propres de base sont les premiers à absorber les pertes et ce n’est qu’après l’utilisation intégrale de ces fonds qu’il serait nécessaire de déprécier les fonds propres additionnels de catégorie 1 (AT1) ». La fusion UBS-Credit Suisse a cependant conduit à la transformation des 16 milliards de francs de dette AT1 de la banque sauvée en fonds propres de base, au grand dam de leurs porteurs.

Malgré ces remous, la BCE a relevé le 22 mars de 50 points de base (pb) son taux de refinancement à 3,5 %. Dans le même temps, le reflux de l’inflation s’accélère. Grâce au repli des prix de l’énergie de 0,9 %, l’inflation en zone euro ressortirait en mars à 6,9 %, selon l’estimation flash d’Eurostat, après 8,5 % en février. Outre-Manche, où l’inflation a atteint 10,4 % en février, la Banque d’Angleterre a augmenté son taux d’escompte de 25 pb, à 4,25 %. Aux États-Unis, la Fed a élargi de 25 pb sa fourchette des Fed funds à 5 %, estimant que « les évolutions récentes devraient se traduire par un resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises et peser sur l’activité économique, l’embauche et l’inflation ». Pour autant, les hausses de taux semblent porter leurs fruits, l’inflation ayant reculé, entre février et mars, de 6 % à 5 %.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº880
RB