La Banque des Règlements Internationaux (BRI) et sept banques centrales, dont la Banque de France pour l’Eurosystème, la Banque du Japon ou encore la Réserve fédérale américaine (Fed) ont annoncé début avril le lancement du projet Agora, afin d’évaluer l’apport de la tokenisation dans l’amélioration du fonctionnement du système monétaire, en particulier dans les échanges transfrontaliers. La BRI compte aussi sur le soutien du secteur privé qu’elle entend solliciter à travers des partenariats public/privé. Agora s’appuie sur un nouveau concept développé par la BRI, à savoir celui de registre unifié qui consiste à associer la tokenisation et la monnaie banque centrale.
Pour les experts de la BRI, les cas d’usage développés jusqu’à présent en matière de tokenisation buttent sur une difficulté : ils sont mis en place en silos sans possibilité de raccordement avec le système financier et surtout sans accès à un actif de règlement. Le développement de stablecoins a vocation à pallier cette difficulté ; toutefois, selon la BRI, ces actifs ne peuvent bénéficier de la confiance et de la sécurité propre à une monnaie de banque centrale. Le premier cas d’usage envisagé concerne les paiements transfrontaliers. Ces derniers s’appuient sur des réglementations nationales et internationales, des normes techniques et des horaires qui varient et complexifient la tâche et cela d’autant plus que différents contrôles doivent être effectués pour une même transaction afin notamment de vérifier la connaissance client (KYC) et la conformité vis-à-vis de la lutte antiblanchiment. Avec la tokenisation, cela ne devrait plus être nécessaire. L’utilisation de smart contract dans le cadre de systèmes programmables pourrait en effet largement simplifier les procédures, qui seraient alors plus rapides et moins coûteuses, tout en préservant, et c’est l’objectif du registre centralisé, l’intégrité du système financier.
