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La science comportementale
aide à préparer les retraites

Créé le

11.07.2023

-

Mis à jour le

21.08.2023

Influencée par des biais cognitifs
et émotionnels, l’attitude des Français
face à cette étape cruciale de leur vie
est rarement à la hauteur de l’enjeu.
Des solutions existent pourtant.

Pour 81 % des futurs retraités français, le manque d’argent est la principale source d’inquiétude (source : étude Cercle des épargnants-Ipsos). Passent-ils pour autant à l’action pour mieux préparer leur retraite ? À vrai dire, le comportement des citoyens face à cette étape cruciale de leur vie est rarement à la hauteur de l’enjeu.

Le problème est avant tout comportemental et se caractérise par :

 le manque de connaissance. De nombreux Français n’ont pas encore pris la mesure des choix qui s’offrent à eux pour leur retraite. Ils peuvent sous-estimer l’importance d’épargner régulièrement ou de diversifier leurs investissements ;

 la procrastination. C’est assez courant : beaucoup de personnes repoussent la mise en place d’un plan de retraite, convaincues qu’elles auront tout le temps nécessaire plus tard. Il est pourtant essentiel de commencer à épargner tôt pour bénéficier du levier des intérêts composés et de construire un patrimoine solide ;

 la prudence excessive. Les Français épargnent beaucoup (en mettant, en moyenne, 15 % de leur revenu disponible brut de côté) mais sont conservateurs et ont tendance à négliger les opportunités d’investissement à long terme.

À problème comportemental, solution comportementale. La science apporte des solutions à l’industrie financière, via la finance comportementale. Cette discipline, entre psychologie et économie, aide à comprendre comment les individus prennent des décisions financières et esquisse des solutions pour améliorer leurs comportements.

Quelques pistes pourraient tout changer. Tout d’abord, il importe d’augmenter la sensibilisation. En comprenant les biais cognitifs et émotionnels influençant les décisions des individus, on peut adapter les messages et campagnes d’information pour les rendre plus efficaces. On pourra mettre en place des stratégies d’accompagnement et des outils de gestion du risque adaptés.

Il s’agit ensuite d’appliquer les principes du nudging (incitation douce) pour encourager les comportements favorables à la préparation de la retraite. On peut par exemple augmenter le taux de participation des individus en simplifiant les processus d’adhésion à un régime de retraite complémentaire ou en mettant en place des systèmes d’opt-out plutôt que d’opt-in.

Il faudrait également personnaliser les conseils financiers. En effet, chaque individu a ses préférences, ses objectifs, ses contraintes spécifiques et ses motivations. Une approche globale est nécessaire. En utilisant des techniques de profiling comportemental, on peut fournir des conseils et solutions sur mesure.

Se projeter dans l’avenir

Les personnes doivent être aidées à se projeter dans l’avenir. Avez-vous par exemple déjà essayé de décrire votre « futur moi » ? Les études montrent que l’interaction avec ce « futur soi » virtuel amène à mieux imaginer l’avenir et à prendre des décisions financières éclairées pour le préparer, comme lors de l’expérience menée en 2014 par l’Université de Melbourne1.

Les scientifiques ont divisé les participants en deux groupes. Un premier groupe a interagi avec un logiciel qui modifiait leurs photos pour les faire apparaître âgés de 70 ans. Ils ont ainsi visualisé une version de leur « futur moi ». Les participants du deuxième groupe ont simplement interagi avec le logiciel, sans modification de leurs photos. Les participants du premier groupe, ceux qui ont vu une image de leur « futur moi », avaient tendance à épargner davantage que ceux du deuxième groupe. CQFD !

En combinant les aspects financiers et psychologiques de la prise de décision, la finance comportementale peut donc aider à mieux comprendre et accompagner les épargnants dans leur préparation de la retraite. Elle offre des outils et des stratégies pour surmonter les obstacles comportementaux et encourager des comportements financiers plus adaptés et plus efficaces. Elle permet aux conseillers d’aider leurs clients à mieux préparer leur avenir.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº883
Notes :
« The Effects of Aging Imagery on Saving Behavior », Proceedings of the National Academy of Sciences, 2014.
RB