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Perspectives des marchés

Multipolarité du monde et mégatendances rythmeront 2024

Créé le

11.12.2023

-

Mis à jour le

22.12.2023

Les nombreux chocs externes survenus depuis le Covid-19 ont rebattu les cartes de la mondialisation. L’économie mondiale est devenue multipolaire et le renforcement de la sécurité énergétique un enjeu politique. Les marchés évolueront en 2024 dans ce nouveau monde, marqué par un ralentissement économique inégal. Amundi prévoit une croissance mondiale de 2,5 %, avec des disparités entre pays développés (0,7 %) et émergents (3,6 %). Selon la société de gestion, le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis, qui pourraient entrer en récession au premier semestre, devrait croître de 0,6 %, contre 0,5 % pour la zone euro.

D’après les projections de Moody’s, le PIB du G20 reculerait de 2,8 % en 2023 à 2,1 % en 2024. Le PIB des pays avancés ralentirait de 1,7 % en 2023 à 1 % en 2024 et celui des émergents de 4,3 % à 3,7 %. L’agence s’attend une décélération de la Chine de 5 % en 2023 à 4 % en 2024. La considérant comme une « nouvelle puissance aux perspectives économiques prometteuses », Amundi voit l’Inde croître de 6 %. « Dans le contexte actuel de rapatriement industriel vers l’Europe et les États-Unis et de renchérissement du coût de la main-d’œuvre, des puissances économiques indépendantes telles que l’Inde, le Brésil et le Mexique sont, en termes d’investissements offrant rendement et diversification, des alternatives aux États-Unis et à la Chine », a souligné Edmund Shing, responsable de la stratégie d’investissement de BNP Paribas Wealth Management, lors d’une conférence de presse le 7 décembre 2023.

De possibles baisses de taux

À la suite du reflux de l’inflation et de l’inflexion des politiques monétaires, la baisse des taux se profile déjà. Moody’s table sur un retour des taux américains à 10 ans à 4 % en 2024 et de l’inflation à la cible dans les pays du G20 d’ici fin 2025. Amundi anticipe une baisse de 150 points de base (pb) des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) contre 125 pb pour la Banque Centrale Européenne (BCE). « La Fed et la BCE ayant ancré les anticipations d’inflation à 5 et 10 ans proches des 2 %, elles devraient baisser leurs taux, dans l’ordre, de 200 et 100 pb à horizon mi-2025 », a précisé Guy Ertz, responsable de la stratégie d’investissement banque privée Luxembourg, lors de la conférence BNP Paribas WM.

Selon le stratégiste, le contexte de taux fait de la dette souveraine et des titres indexés sur l’inflation aux États-Unis – où le taux réel atteint 2 %, contre 0,2 % en Europe – des actifs attractifs, au même titre que les dettes d’entreprise de qualité.

Les banques européennes « très solides »

Positive sur le secteur bancaire européen, la banque privée apprécie les actions et les dettes subordonnées des banques en eurozone, qui offrent des rendements élevés. « Les banques européennes sont très solides. Même si elles sont moins rentables à cause de la moindre croissance, elles disposent de back books qui incluent des actifs à long terme, comme l’immobilier, qui généreront une rentabilité future importante », note Edmund Shing.

Amundi privilégie les dettes souveraines, les obligations de qualité et les actions asiatiques avec des thèmes porteurs à long terme comme la transition énergétique et les relocalisations des chaînes d’approvisionnement. Selon BlackRock Investment Institute, le nouveau régime, caractérisé par des taux plus élevés et une grande volatilité macroéconomique et des marchés, favorise les stratégies d’indexation et d’alpha. Pour l’institut, les mégatendances comme l’intelligence artificielle (IA) et la résilience climatique offrent des opportunités non corrélées aux cycles macroéconomiques. En cette période propice à l’IA, la cybersécurité, les semi-conducteurs et les data centers sont des thèmes phares d’investissement de BNP Paribas WM. Pour la banque, la décarbonisation et l’électrification de l’économie soutiendront les investissements dans la production, le stockage et la rénovation des infrastructures énergétiques.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº887-888
Le ralentissement de la croissance mondiale devrait diverger
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