Square

L’inclusion financière,
une équation complexe

Créé le

20.12.2022

-

Mis à jour le

15.02.2023

L’heure est à la vigilance, pour les populations fragiles ou celles qui pourraient le devenir. L’équilibre est délicat entre accès aux services bancaires, au crédit, au cash, et limitation des risques de surendettement comme d’exclusion – y compris numérique.

L’inclusion financière passe par le Livret A, seule voie d’« accessibilité bancaire » pour près d’1,5 million de personnes. Depuis 1984, elle s’appuie aussi sur le « droit aux comptes », qui bénéficiait à près de 184 000 personnes l’an dernier. Les banques et sociétés de financement spécialisé ont en plus l’obligation, depuis dix ans, de détecter et d’accompagner des clients financièrement fragiles, avec une offre spécifique. Ce dispositif nécessite d’autant plus de vigilance que le contexte économique est incertain. Au point que le gouvernement exige pour tous le gel de certains frais et tarifs bancaires en 2023.

$!L’inclusion financière, une équation complexe

« Les banques sont l’un des maillons de tout un écosystème », rappelait Pierre Bocquet, directeur Banque de détail et Banque à distance à la FBF (actionnaire de Revue Banque) en décembre 2022. Un maillon essentiel lorsque l’inclusion financière implique « a minima l’accès, pour toute personne, aux services financiers indispensables au quotidien : avoir un compte en banque et disposer de moyens de paiement adaptés », selon les termes d’Hervé Gonsard, directeur général du réseau et des services à l’économie de la Banque de France.

Éviter l’exclusion est tout autant l’affaire de tous. Au-delà, pour éviter l’exclusion, l’octroi de crédit responsable, sans risque de surendettement, la France a ses garde-fous, avec des crédits à la consommation très encadrés et des prêts à l’habitat à taux fixes, reposant sur les revenus. « La BCE tente d’imposer les taux variables. C’est un sujet majeur, s’inquiète un banquier français, car ils peuvent mettre en danger les particuliers, notamment en cas d’augmentation fulgurante et entraîner une déferlante de défauts de remboursement. » L’Espagne en a déjà pris conscience.

Le numérique en question

« L’inclusion financière est non seulement une préoccupation pour les gouvernements mais aussi un objectif pour les banques. En effet, ces dernières ont une démarche RSE et accordent de l’importance aux problèmes liés à la diversité sociale, rappelaient les intervenants des derniers House of Finance Days, dont Revue Banque est partenaire, lors de la conférence du Master Finance 275. Les monnaies numériques auront pour rôle de favoriser l’inclusion financière en facilitant l’accès aux personnes non bancarisées. » Si ce point est encore en suspens, nul doute que la transformation digitale, des moyens de paiement et de la relation client, avec une fréquentation des agences bancaires et un usage des distributeurs automatiques de billets (DAB) décroissants, pose aussi la question de l’accès aux espèces, un moyen de paiement de base et essentiel pour pallier toute exclusion numérique.

« Le nombre de DAB dépendant des banques est certes en repli modéré depuis 2018, soulignait le Bulletin de la Banque de France en décembre 2022. Toutefois, cette rationalisation du parc se fait sans détérioration de l’accessibilité » Elle s’intensifie cette année. Entre 2018 et 2021, le nombre de DAB bancaires a baissé de 9 %, les points de retrait d’espèces chez les commerçants augmentant de 12 %.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº875-876
RB