L’envers du décor des NFT

Les NFT (non fongible tokens) sont des jetons non fongibles cryptographiques. Ils sont codés sur une blockchain à la manière des cryptomonnaies, telles que le bitcoin. À la différence de ceux-ci, les NFT ne peuvent être échangés contre d’autres NFT : ils sont complètement uniques. Depuis quelques mois, ils suscitent l’effervescence des spéculateurs de cryptomonnaies, des créateurs (voir Revue Banque n° 862) et de bien d’autres qui rêvent d’y voir une propriété unique, même si intangible. La marque de mode GAP et l’Agence France-Presse font ainsi partie des derniers grands noms à vouloir monétiser une partie de leurs créations par ce biais.

Sauf que tout n’est pas rose dans l’univers des NFT : des créateurs indépendants, comme l'auteur de BD David Revoy, se plaignent de se faire voler leurs œuvres par des tiers qui les revendent en NFT. Des acheteurs, comme le galeriste et collectionneur new-yorkais Todd Kramer, se font pirater et voient s’envoler l’ensemble de leurs collections de NFT (dans son cas d’une valeur de 2 millions de dollars). Moxie, le cofondateur de la messagerie sécurisée Signal, a d'ailleurs expliqué que la création même de ces NFT n’est pas pérenne [1] et comment celle-ci peut disparaître du jour au lendemain en fonction du bon vouloir de la place de marché sur laquelle elle est inscrite. À la différence de la Bourse, il ne s’agit pas simplement d’un retrait d’action, mais d’une destruction pure et simple du NFT.

De plus, depuis la fin de l’automne 2021, cette spéculation autour des NFT a suscité un fort rejet pour l’ensemble des monnaies virtuelles. Ainsi, la bibliothèque du droit du Congrès américain [2] recense huit pays interdisant explicitement les cryptomonnaies et près d’une quarantaine d’autres y mettant des entraves telles que l’usage, la possession ou le minage de telles monnaies sont quasiment impossibles dans les faits.