Les signaux d’alerte sur l’endettement du secteur privé non financier se multiplient. Fin mai, la Banque des Règlements Internationaux (BRI) s’alarmait de l’augmentation de la dette du secteur privé non financier pendant la pandémie de Covid-19, dont le poids a atteint à un niveau record de près de 170 % du PIB mondial, et des risques pour la stabilité financière et les performances macroéconomiques que posait le financement par la dette. L’enquête de juin de la BCE sur l’accès des entreprises de la zone euro au financement montre un durcissement accru des conditions de financement, 89 % des entreprises sondées ayant signalé, en termes nets, une hausse des coûts des matières premières et de l’énergie et 66 % une hausse des coûts de la main-d’œuvre, des pourcentages records pour cette enquête.
Notant que le contexte actuel renforce les pressions qui pèsent déjà sur la trésorerie des entreprises, Allianz Trade voit les défaillances dans le monde croître de +10 % en 2022 et de +14 % en 2023, approchant leur niveau pré-Covid-19. Dans l’Hexagone, la Banque de France a relevé un bond de 10 % en avril, sur un an, des nouvelles déclarations d’incidents de remboursement de crédits aux particuliers et une progression de 2,9 % en mars (après +2,5 % en février) du financement des sociétés non financières qui atteint les 1 957 milliards d’euros.
Alors que depuis avril les banques françaises peuvent accorder aux entreprises exposées à la crise ukrainienne un complément de prêts garantis par l’Etat via le « PGE Résilience », le baromètre de mai de la Grande consultation des entrepreneurs réalisé par OpinionWay et CCI montre que 52 % de 613 chefs d’entreprises interrogés souhaitent un allongement du délai de remboursement des PGE. Ils sont 55 % dans le commerce et 54 % dans les services à faire ce souhait. Selon EY, le dispositif de garantie de l’État via le PGE mis en place pendant la pandémie avait ainsi contribué en 2020 à une envolée record depuis 2007 de 13 % des crédits aux entreprises.
