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Notations souveraines

Les pays périphériques relèvent la tête

Créé le

22.12.2023

Le Portugal récolte les fruits de ses réformes. Après les relèvements en septembre de la notation du souverain lusitanien de BBB+ à A- (perspective stable) chez Fitch et de la perspective de « stable » à « positive » de la note BBB+ chez S&P’s, Moody’s l’a relevée en novembre de Baa2 à A3, avec perspective stable. Ce rehaussement de deux crans reflète l’efficacité de la stratégie du pays et la solidité de son économie, l’agence estimant le PIB à 2 % par an au cours des cinq prochaines années, en ligne avec sa croissance potentielle estimée. Alors que le budget gouvernemental est devenu excédentaire à 1 % du PIB en 2023, soit +1,2 point de pourcentage (pp) sur un an, Moody’s projette le ratio dette/PIB à 100 % en 2024, le niveau le plus bas depuis 2010 et 16,4 pp en dessous des niveaux pré-crise sanitaire. Une prouesse pour une économie avancée. L’évaluateur de crédit souligne que seules la Grèce (Ba1 stable), Chypre (Baa2 stable) et l’Irlande (Aa3 stable) – trois pays « périphériques » – montrent une diminution encore plus marquée de leurs ratios de dette publique de 2019 à 2024.

Une meilleure tenue de la qualité de crédit

La décision en novembre de Moody’s de relever de « négative » à « stable » la perspective de la note Baa3 de l’Italie – également confirmée en octobre par S&P (BBB, stable) et en novembre par Fitch (BBB, stable) – traduit une meilleure tenue de la qualité de crédit des pays périphériques comparé à certaines grandes économies sous pression.

Dégradée en avril par Fitch de AA à AA- avec perspective stable, la note française AA chez S&P avec perspective négative a été maintenue en décembre. L’agence, qui a relevé de 0,4 % à 0,9 % sa prévision de croissance du PIB réel, l’a en revanche abaissé de 1,2 % à 0,9 % pour 2024. L’Hexagone risque une dégradation en cas de baisse insuffisante de ses déficits budgétaires et de son ratio dette publique/PIB, le troisième plus élevé de la zone euro en 2023 après la Grèce et l’Italie. S&P prévoit ce dernier à 109,3 % en 2023 et à 109,2 % en 2026. Le déficit budgétaire passerait de 4,9 % en 2023 à 3,4 % du PIB d’ici 2026. La crédibilité budgétaire française est en jeu, surtout avec l’examen approfondi en 2024 par Bruxelles des économies présentant des déséquilibres ou des déséquilibres excessifs, dont la France fait partie.

En novembre, Moody’s a baissé la perspective de « stable » à « négative » de la note Aaa des États-Unis, et en décembre, celle de la note A1 de la Chine. Pour la puissance américaine, les risques pointés du doigt concernent sa solidité fiscale et sa capacité à trouver un consensus, au Congrès, sur un plan fiscal permettant de ralentir la baisse de la capacité de remboursement de la dette. Concernant la puissance asiatique, la décision reflète des signes croissants de soutien financier du gouvernement et du secteur public aux gouvernements régionaux et aux entreprises d’État en difficulté. Ce qui présenterait des risques pour la force budgétaire, économique et institutionnelle du pays.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº887-888
RB