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Monde arabe : « La situation ne présente pas de risque systémique »

Créé le

16.03.2011

Pour l'heure, les banquiers se veulent rassurants mais discrets quant aux conséquences sur leur secteur des troubles politiques dans le monde arabe.

Lorsqu’on les interroge sur les conséquences des troubles politiques sur leur secteur, les banquiers arabes se veulent rassurants mais restent discrets. « Il s’agit de troubles passagers qui ne touchent aucunement les économies », assure officiellement le président de l’Union des banques arabes, Adnan Yousif, devant un parterre de financiers réunis autour du thème des banques francophones (lire article). Mais ce sont surtout des points d’interrogation qui jalonnent les discussions de couloir. « Il faut attendre pour connaître les conséquences réelles des changements en cours sur l’économie. Elles pourront être positives ou négatives, seul le temps nous le dira », témoigne un ancien banquier arabe. « La situation ne présente pas de risque systémique mais les banques ne sont pas déconnectées de l’économie réelle. Elles seront diversement affectées en fonction de leur exposition aux secteurs d’activité, comme le secteur touristique en Tunisie à titre d’exemple, analyse Fadi Halout, membre du Cercle des économistes arabes et banquier. Nous ne saurons qu’au retour de la saison touristique, au printemps, si les entreprises parviennent à résister et à respecter leurs engagements. »

Les propos se veulent également rassurants du côté des banquiers centraux, à l’image de ceux du nouveau gouverneur de la banque centrale de Tunisie, Mustapha Nabli, qui souligne que le refinancement des banques, auprès de la banque centrale comme du marché monétaire, se poursuit normalement. La situation est bien différente en Libye où l’activité bancaire est fortement ralentie du fait des sanctions internationales et de l’interdiction de tout flux financier avec l’étranger. L’enjeu reste toutefois limité pour l’ensemble de la région. « Le secteur bancaire libyen est très fermé, avec des établissements majoritairement détenus par l’État ou la banque centrale, et peu de banques étrangères », explique Fadi Halout. BNP Paribas est ainsi la seule banque française présente en Libye, via sa participation de 19 % dans Sahara Bank.

Poursuite des activités

Autre point d’inquiétude : l’exposition des banques aux entreprises possédées par les proches des gouvernements déchus. Mustapha Nabli chiffre à 220 millions d’euros les financements de ce type qui présenteraient des risques, soit 17 % du total. Par ailleurs, la banque islamique Zitouna, fondée en 2010 par l’un des gendres de Ben Ali, a été placée sous la houlette d’un administrateur provisoire nommé par la banque centrale, mais peine à conserver la confiance de ses clients.

Outre le cas de BNP Paribas en Libye, les banques françaises sont parmi les plus exposées aux troubles, avec près de 700 agences pour la Société Générale et plus de 500 pour la BNP (voir tableau). Des implantations qui ne sont toutefois pas remises en question par les intéressés. Le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, a d’ailleurs mis en place une cellule de soutien pour les entreprises françaises implantées dans ces pays, afin que celles-ci y poursuivent leurs activités. Plusieurs banques françaises ont assisté à la première de ces réunions. S.L.

 

Tunisie Algérie Maroc Égypte Libye Liban Total
Société Générale 113 63 327 139 - 43 685
BNP Paribas 110 50 250 60 50 - 520
Crédit Agricole - - 282 72 - - 354
BPCE 20 17 - - - - 37
Source : FBF