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Les banques arabes veulent être plus visibles à l’international

Créé le

15.03.2011

-

Mis à jour le

16.03.2011

Trop isolées sur la scène internationale, les banques arabes ont marqué leur intention de créer une fédération des banques francophones lors d’un sommet à Paris.

S’entraider et s’internationaliser. Tels sont, plus que jamais, les deux mots d’ordre des banques arabes, alors que leurs régimes politiques sont sous le feu des projecteurs (lire l’article sur les conséquences des troubles actuels sur le secteur bancaire) et que les réformes financières mondiales se jouent essentiellement entre pays occidentaux. Représentées par différents organismes transnationaux comme l’Union des banques arabes (UBA) ou l’Union mondiale des banquiers arabes, elles projettent aujourd’hui de fonder une fédération des banques francophones, réunissant des établissements du monde arabe (Afrique du Nord, Liban) et d’Afrique de l’Ouest. « La consolidation des liens entre les différentes associations bancaires est un moyen de bâtir un pont vers le système financier international », notait Adnan Yousif, président de l’UBA, lors du premier sommet des banques francophones qu’organisait son association à Paris le 4 mars. Une future coopération que voit d’un bon œil Christine Lagarde, présente à l’événement : « On s’aperçoit dans les rapports avec l’ensemble des gouvernements, notamment au sein du G20, que certains modèles ont tendance à vouloir dominer, et que d’autres ont parfois été plus sages. Pendant la crise financière, un certain nombre de vos établissements n’ont pas particulièrement souffert de la crise parce qu’ils étaient gérés de manière différente. L’harmonisation des principes en même temps que le respect de la différence justifient parfaitement la constitution de votre fédération », assurait au parterre de banquiers arabes la ministre des Finances française, qui porte personnellement depuis cinq ans le dossier de la finance islamique en France.

La francophonie, le véritable enjeu ?

Coopérer, oui, mais avec qui et sous quelle forme ? Outre le développement de la francophonie, c’est évidemment le potentiel des marchés ouest-africains que convoitent les banques arabes en imaginant une telle fédération. Les groupes marocains Attijariwafa Bank et BMCE l’ont déjà traduit en stratégie, en rachetant respectivement les filiales africaines de Crédit Agricole et le groupe Bank of Africa. Toutefois, le morcellement du secteur bancaire arabe semble le principal obstacle qui l’empêche de faire entendre sa voix sur la scène internationale. La seule UBA compte plus de 300 membres, auxquelles s’ajoutent les établissements détenus conjointement avec des acteurs étrangers.  « Il manque une très grande banque panarabe, assure un observateur européen du secteur. Elle s’appuierait sur les caractéristiques des trois espaces qui composent la zone MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord, NDLR) : l’épargne et les capitaux du Golfe, le savoir-faire bancaire du Levant et le marché immense du Maghreb, Égypte incluse. On pourrait y ajouter une fenêtre islamique, fournie par la péninsule arabique. » Reste qu’un tel scénario de grandes fusions est assez utopique à moyen terme, alors que l’actionnariat des groupes bancaires de la région est encore largement familial. Et l’argument de la francophonie risque de ne pas suffire.

RB