« J’ai créé ma société il y a 18 mois en autoentrepreneur. Celle-ci ayant évolué, je voulais créer une boutique. Mais ma société ayant plus d’un an, je n’ai droit à aucune aide ou financement à la création d'entreprise. Je me suis tournée vers d’autres sources de financement », explique Chrystelle Fajoux, fondatrice des Bonbons de Chrystelle. « Comme je ne pouvais pas aller voir de banques, car j’ai déjà un crédit courant encore pendant deux ans pour un autre projet commercial, je me suis tourné vers MyMajorCompany. Je pensais qu’ils ne faisaient que de la musique, mais ils font aussi de l’entrepreunariat. » Comme elle, dans le monde en 2012, un million de projets se sont montés grâce à un site de crowdfunding et, selon l’organisme de recherche Massolution, 2,7 milliards de dollars de fonds ont été levés par ce biais. Selon ce même organisme, les fonds levés devraient même atteindre 5 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année (voir Encadré).
En quoi consiste précisément le crowdfunding, également appelé « financement participatif » ? Pour Nicolas Guillaume, fondateur de Friendsclear, c’est « le financement en direct de projets identifiés par un grand nombre d’internautes ». Si la France a découvert le phénomène avec le lancement de l'artiste Grégoire par MyMajorCompany en 2007, la musique n’est pas le seul secteur concerné. D’un voyage au Cambodge de quatre mois au financement d’un film hollywoodien en seulement 11 heures sur Kickstarter (pour l’adaptation de la série Veronica Mars), en passant par la création de pots de fleurs à arrrosage automatique ou l’achat d’une vache laitière par une famille indienne, tout ou presque peut être financé par ce biais.
Des projets en tout genre, bien encadrés
Concrètement, comment se passe un financement de projet ? Chrystelle Fajoux raconte son expérience en cours avec MyMajorCompany : « Nous avons fait courir le projet sur 90 jours. Sur MyMajorCompany, le
Si le fonctionnement varie grandement d’une plate-forme de crowdfunding à l’autre, en général, l’internaute soumet son projet et la plate-forme procède à une présélection ; elle refuse le plus souvent en fonction de la somme demandée. Pour se monter, le projet doit ensuite avoir une durée de vie précise et un seuil minimal à atteindre. « Si ce seuil n’est pas atteint dans la durée, le plus souvent, le projet ne reçoit rien, affirme Nicolas Guillaume. La plupart du temps, il s’agit de financer des projets non encore lancés, donc si le seuil n’est pas atteint, de toute façon, le projet ne sera pas viable. » Toutefois, certaines plates-formes admettent le sous-financement, comme Babyloan ou Kiva, qui sont surtout l’extension sur Internet d’organismes de microcrédit et servent de refinancement à des projets. Que se passe-t-il une fois ce seuil atteint ? Tout dépend de la « récompense » proposée aux internautes financeurs. S’il s’agit d’un don sans contrepartie ou de la délivrance d’un produit comme le fait KickStarter, le surfinancement ne pose aucun problème. En revanche, s’il s’agit d’un prêt rémunéré ou d’une prise de participation dans la société, le surfinancement n’est pas autorisé, « comme face à son banquier ou à un business angel » précise Nicolas Guillaume. Les plates-formes de crowdfunding se rémunèrent en prélevant une commission, fixe ou variable, sur les sommes reçues par les projets. Le plus souvent, c’est l’emprunteur qui paye la commission, une fois son projet financé et la somme perçue, mais il peut arriver que le site prélève à la fois emprunteurs et investisseurs. Les modalités de paiement varient également. Sur certains sites où le retour d’investissement est un remboursement de prêt, la commission peut être une fraction de ce remboursement.
La conservation de l’argent en question
Il reste quand même un problème