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Les portefeuilles de prêts : quel traitement prudentiel ?

Créé le

20.01.2012

-

Mis à jour le

31.01.2012

Pour des raisons économiques, certains assureurs vont très probablement acquérir des portefeuilles de prêts [1] que les banquiers leur proposent (voir Interview d’Odette Césari). Sur le plan prudentiel, la société de gestion Groupama Asset Management met en avant l’intérêt qu’a un assureur à détenir ces actifs dans un environnement Solvabilité 2, « en raison de leurs vertus décorellantes et de leur faible volatilité ». Société Générale est plus mesurée (voir Interview). L’assureur semble avoir davantage de chances d’obtenir un traitement prudentiel intéressant, s’il dispose d’un modèle interne.

Les investisseurs, eux, demeure dans l’expectative, comme Odette Césari, directrice des investissements d’AXA France : « Notre modèle interne n’est pas encore validé. Il est donc prématuré de dire si oui ou non les portefeuilles de prêts bénéficieront d’un traitement prudentiel favorable. »

Autre difficulté soulevée par la directrice des investissements : avec Solvabilité 2, la notation octroyée par les agences est primordiale. Or les entreprises qui empruntent, contrairement à celles qui émettent des obligations, ne sont généralement pas notées par les agences, ce qui entraîne un coût élevé en fonds propres pour leurs créanciers. « Il faudrait que le régulateur accepte les notations internes élaborées par les banques et par les assureurs sur les emprunteurs. Nous devrons nous donner les moyens de réaliser cette notation. » La place exorbitante accordée par Solvabilité 2 aux agences de notation va-t-elle se maintenir ?

Sans attendre la réponse réglementaire, Groupama AM prépare son offre. La société de gestion souhaite originer elle-même les prêts, donc identifier les entreprises qui ont besoin de financements : « Notre objectif est de nous mettre en ordre de marche pour proposer rapidement des portefeuilles de prêts que nous sélectionnerons nous-mêmes sans avoir à récupérer de prêts originés par les banques, explique Claire Bourgeois, responsable de la gestion actif-passif au sein de cette société d’asset management. Une fois les actifs sélectionnés, nous les plaçons dans un fonds commun de titrisation qui constitue le véhicule le mieux adapté. Les assureurs n’ont pas les compétences ou les ressources pour élaborer ces fonds ; il y a donc là une opportunité pour les asset managers. »

Ce genre d’initiative ne semble guère apprécié par les banques ; pour elles, l’origination des prêts devrait demeurer leur chasse gardée (voir Interview de Société Générale). S.G.

 

1 En détenant ces portefeuilles, l’assureur devient prêteur. Ces produits diffèrent de la détention d’obligations corporate qui ne permettent généralement d’investir que sur les grosses entreprises.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº745
Notes :
1 En détenant ces portefeuilles, l’assureur devient prêteur. Ces produits diffèrent de la détention d’obligations corporate qui ne permettent généralement d’investir que sur les grosses entreprises.
RB