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Financement de l’économie

« Les banques doivent accepter de réaliser une perte si elles souhaitent nous vendre leurs portefeuilles de prêts »

Créé le

16.01.2012

-

Mis à jour le

27.01.2012

Les banques cherchent actuellement à céder aux assureurs des portefeuilles de prêts (des loans, c’est-à-dire le crédit non obligataire) ; comment expliquez-vous ce phénomène ?

La mise en place accélérée de Bâle III pousse les banques à réduire la taille de leurs bilans. Elles transfèrent le financement des entreprises vers les détenteurs de liquidités longues, à savoir les assureurs et les fonds de pension. Les banques externalisent les prêts qu’elles ont octroyés par le passé, qu’ils soient simples (accordés aux corporates) ou plus structurés (financement de PPP, d’avions…) et elles nous proposent des portefeuilles.

Ce mouvement correspond à une tendance de fonds, si les principes proposés par Bâle III sont maintenus, et nous vivons en ce moment les débuts d’un changement structurel de la façon dont les entreprises se financent.

Comment réagissez-vous face aux offres des banques ?

Quand une banque nous propose des portefeuilles, nous prenons notre temps car deux obstacles doivent être levés. D’une part, les banques ont accordé des prêts à des taux très bas dont le rendement ne nous intéresse pas. Ces spreads très modestes correspondent à une pratique traditionnelle en France, qui n’est plus du tout en phase avec le marché actuel. Pour satisfaire notre demande en matière de rendement des actifs, les banques doivent donc accepter de réaliser une perte [1] si elles souhaitent nous vendre leurs portefeuilles de prêts.

D’autre part, si la sélection des emprunteurs constitue l’une des expertises des banques, nous n’avons pas, en tant qu’assureurs, cette compétence sur la catégorie des entreprises petites et moyennes. Nous connaissons bien les corporates émetteurs d’obligations. Mais si nous nous orientons aujourd’hui vers le marché des prêts, c’est pour nous exposer aux risques de gain et de perte que présentent les entreprises moyennes et petites et pour diversifier nos actifs. Pour bien comprendre les risques que nous prenons en achetant un portefeuille de prêts à une banque, nous avons engagé des due diligences très détaillées ; nous négocions actuellement ce type d’opérations avec plusieurs banques.

À l’avenir, comment pensez-vous que les assureurs vont intervenir sur le marché des prêts ?

Si la règle Bâle III est appliquée en l’état, le mouvement que je viens de décrire va perdurer, mais il ne se manifestera pas durablement par les transferts de portefeuilles. En effet, au-delà des actifs existants, ce sont aussi et surtout les mises en place de nouveaux prêts qui nous intéressent et où nous pourrions intervenir aux côtés des banques, dès l’origine.

1 Si la banque accepte de vendre les portefeuilles en dessous de la valeur des prêts, le rendement augmente mécaniquement.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº745
Notes :
1 Si la banque accepte de vendre les portefeuilles en dessous de la valeur des prêts, le rendement augmente mécaniquement.
RB