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Projet européen

Moscovici attend beaucoup de Macron

Créé le

16.05.2017

-

Mis à jour le

24.05.2017

Les premiers mots prononcés publiquement par Pierre Moscovici, commissaire en charge des affaires économiques et de la fiscalité, après l’élection d’Emmanuel Macron – lors d’une conférence de presse le 9 mai 2017, jour de la fête de l’Europe –, expriment un profond soulagement : « Les Français viennent d’écarter un projet antieuropéen, celui de Marine Le Pen, et d’élire un jeune président qui, lui, est un fervent proeuropéen, donc l’Europe est vraiment à la fête ». Le commissaire souligne toutefois l’importance des votes blancs, des abstentionnistes et des électeurs de Marine Le Pen. Il estime que l’Europe doit parler à ces citoyens et entendre leur message d’insatisfaction. Il identifie quatre chantiers prioritaires qui relèvent de sa compétence et sur lesquels il est prêt à travailler avec Emmanuel Macron.

1. La crédibilité budgétaire : Pierre Moscovici souhaite voir la France sortir très rapidement de la procédure de déficit excessif, affirmant qu’elle peut y parvenir « sans effort massif ». Il fait aussi remarquer que la France risque d’être bientôt le seul pays en procédure : « aujourd’hui, dans la zone euro, quatre pays sont en procédure de déficit excessif : la Grèce et le Portugal dont les déficits sont au-dessous de 3 % maintenant, l’Espagne dont il y a de bonnes raisons de penser que ses déficits seront au-dessous de 3 % en 2018, et la France ». Or, d’après les prévisions de la Commission, l’Hexagone affichera un déficit de 3 % pour 2017 et de 3,2 % l’année suivante si aucune mesure n’est prise pour corriger le tir et respecter le plafond de 3 %.

2. La réduction des divergences : le commissaire veut s’attaquer aux divergences économiques et sociales au sein de la zone euro, entre les pays en excédent et les pays en déficit. Il craint une « contestation fondamentale de l’euro » si certains pays sont toujours plus prospères tandis que d’autres ont l’impression de faire toujours plus d’efforts : « les pays qui ont des excédents importants doivent investir, pour le bien de tous, à commencer par le leur ». Un message qui s’adresse, sans la nommer, à l’Allemagne.

3. Créer un budget de la zone euro [1] : « à titre personnel je suis partisan d’un ministre des Finances de la zone euro qui puisse à la fois être membre de la Commission et présider l’Eurogroupe à terme » affirme Pierre Moscovici. En poste jusqu’en novembre 2019, il aimerait que son successeur soit le premier ministre des Finances de la zone euro. Il appelle également de ses vœux la création d’un Parlement de la zone euro.

4. Lutte contre la fraude et l’évasion fiscale : trois sujets sont plus particulièrement mis en avant : une liste noire européenne de paradis fiscaux, l’assiette commune consolidée de l’impôt sur les sociétés, enfin, la lutte contre la fraude à la TVA.

 

Pour avancer sur ces différents thèmes, l’avis de l’Allemagne sera essentiel, de même que l’entente franco-allemande. Or, à en croire l’accueil chaleureux réservé au Président français lors de son déplacement à Berlin le 15 mai 2017, le couple Merkel-Macron démarre sous les meilleurs auspices. S. G.

 

1 Les propositions de la Commission publiées fin mai détailleront cette disposition.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº809
Notes :
1 Les propositions de la Commission publiées fin mai détailleront cette disposition.