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Créances douteuses

Le risque de formation de NPL a sensiblement augmenté

Créé le

26.08.2022

-

Mis à jour le

06.09.2022

Synonymes de détérioration des conditions de crédit, la hausse des taux de la BCE et la récession qui se profile en zone euro vont mettre sous pression les entreprises et les ménages en difficultés financières et favoriser le retour des créances douteuses, ces fameux prêts non-performants (non-perfoming loans – NPL). Tandis que l’AMF considère, dans sa cartographie des marchés et des risques pour 2022, les NPL comme un risque « très élevé » pour la stabilité financière et un risque « élevé » pour la profitabilité des institutions financières, Scope Ratings voit dans le resserrement des conditions financières en Europe le risque d’une inversion de la tendance baissière des NPL. « Les mesures visant à relever les taux d’intérêt interviennent à un moment où les perspectives de croissance du PIB se détériorent. Dans le même temps, les problèmes de chaîne d’approvisionnement et les pressions inflationnistes compriment les marges bénéficiaires des entreprises et le revenu disponible des ménages », souligne l’agence de notation dans un rapport sur les banques européennes. D’après elle, « le risque de formation de NPL a sensiblement augmenté ». Avec la hausse des taux, elle s’attend à l’émergence de nouvelles cohortes d’emprunteurs vulnérables, de nouvelles vulnérabilités des secteurs et des emprunteurs les plus exposés aux pressions inflationnistes ou liées à la hausse continue du crédit au secteur privé. Et les secteurs ayant bénéficié pendant des années des liquidités abondantes et des taux bas pourraient subir une forte correction.

Pour autant, les banques européennes peuvent encaisser un retour des NPL, qui ont vu leurs encours chuter de 60 %, entre 2015 et 2011, de 1 000 milliards d’euros à 373 milliards. Une décrue nourrie par le soutien massif du secteur public pendant la pandémie, suivi du rebond économique. Selon l’agence, un renversement potentiel de la tendance avec la formation de NPL mettra du temps à se matérialiser et sera progressif en raison du décalage entre la dégradation des conditions économiques et la reconnaissance des NPL.

De plus, le coût du risque modéré des banques européennes au premier trimestre n’indique pas encore de retournement de tendance. Face à ce risque, les banques pourront compter sur leurs bilans assainis, la hausse des revenus liée à celle des taux, les cessions de portefeuilles ou la titrisation pour absorber des pertes de crédit potentiellement plus élevées. Dans son évaluation de juin des risques du système financier français, la Banque de France juge ce dernier « en mesure de faire face aux vulnérabilités associées à l’accroissement de l’endettement », la solvabilité des banques étant robuste. D’ailleurs, les résultats du deuxième trimestre font ressortir à fin juin 2022 une baisse, par rapport à fin juin 2021, des taux de créances douteuses de BNP Paribas (de 2,1 % à 1,8 %), de BPCE (de 2,6 à 2,3 %), de Crédit Agricole SA (de 3,2 % à 2,5 %), de Crédit Mutuel Alliance Fédérale (de 2,8 % à 2,5 %) et de Société Générale (de 3,1 % à 2,8 %). Les taux de couverture dépassent les 50 %, celui de Crédit Agricole SA atteignant les 74,3 %.

Les encours de NPL des banques européennes en forte décrue depuis 2015

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À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº871
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