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Bancarisation : le casse-tête du business de la marijuana aux États-Unis

Créé le

24.01.2018

-

Mis à jour le

31.01.2018

Depuis novembre 2016, l’État du Nevada autorise l’usage récréatif de la marijuana ; l’usage était auparavant uniquement médical, mais les tuyaux pour obtenir des ordonnances de complaisance étaient monnaie courante. Depuis le début de cette année, c’est au tour de la Californie de permettre une telle décision. Pourquoi ? Outre les raisons philosophiques et sécuritaires liées à la légalisation d’un tel commerce, c’est avant tout un jackpot monétaire. Pour le Nevada et Las Vegas, cette ouverture offre un nouveau flot de touristes américains venus d’États où la consommation de marijuana est toujours interdite ou encadrée. Avec cette libéralisation, l’État du Nevada bénéficie d’un jackpot similaire à celui lié la légalisation des jeux d’argent – en 1860 puis, définitivement, en 1931 –, des lois sur le mariage et le divorce, et, de 1951 à 1962, du tourisme nucléaire, où Las Vegas incitait les visiteurs à assister aux essais en plein air se déroulant dans le désert à 80 km de la ville.

Pour les commerçants et les banques des sept États et du district de Washington ayant légalisé l’usage récréatif de la marijuana, en revanche, la gestion de l’argent est un vrai casse-tête. En effet, les différentes législations ont été prises au niveau étatique. Au niveau fédéral, la marijuana et ses dérivés sont toujours considérés comme des drogues illégales. Sous l’administration Obama, le département du Trésor américain, d’un côté, et le département de la Justice, de l’autre, avaient émis leurs propres recommandations. Or l’administration Trump actuelle ne voit pas du tout d’un même œil ce type de commerce et considère que les banques n’ont rien à faire dans ce marché. Du coup, le 18 janvier dernier, 18 avocats ont envoyé une lettre au Congrès pour clarifier la situation bancaire. Et les commerçants ? Ils se limitent aux paiements en espèces et intègrent très souvent, pour contourner le problème, des distributeurs de billets dans leur boutique. En revanche, ils n’ont pas le droit à une collecte de fonds sécurisée classique et doivent souvent faire eux-mêmes des dépôts en agence. Le paiement des salaires des employés dans cette activité se fait lui aussi en espèces, de la main à la main. Et certaines start-up se lancent dans la brèche. C’est le cas de CanPay, une application mobile pour payer en débit direct à partir d’un compte dédié. En pratique, au moment de payer, CanPay initie une demande de virement du compte bancaire de l’acheteur vers son compte CanPay et fait, dans le même temps, un virement vers le compte ouvert par le revendeur auprès de la société.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº817
RB