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Portrait de groupe

BNP Paribas, Pantin et la Seine-Saint-Denis

Créé le

06.08.2010

-

Mis à jour le

23.08.2010

Le transfert des équipes de BNP Paribas dans les Grands Moulins de Pantin a donné lieu à deux grandes campagnes de communication : celle de BNP Paribas et celle de la ville de Pantin. Décodages…

BNP Paribas a décidé de faire du déménagement de ses équipes Security & Services (3 200 salariés) vers Pantin un axe de communication majeur de la fin d’année 2009, profitant de l’événement pour détailler son attachement au département de la Seine-Saint-Denis. Une manière de faire passer la pilule auprès des salariés contraints de quitter le centre de Paris pour sa périphérie ? Pas seulement, si on s’attache à retracer les actions menées par BNP Paribas depuis 10 ans, qui prouvent un réel ancrage de l’entreprise dans le département.

En effet, on ne devient pas par hasard le premier employeur privé de la Seine-Saint-Denis, regroupant 8 000 salariés, avec de grands services comme l’informatique à Montreuil, la banque de financement à Saint-Ouen, mais aussi 57 agences commerciales. C’est le fruit d’une volonté réfléchie de parier sur le développement du 93, dynamique en terme de population (25 % de la population y a moins de 25 ans) et de création d’entreprise (3e département de France en nombre d’entités juridiques créées).

Cette politique se traduit par des actions de proximité menées depuis une dizaine d’années, activités très diverses coordonnées par un plan Banlieue. Il est difficile de conter tous les projets menés à bien sans tomber dans un catalogue. Le point commun de toutes ces initiatives vise à créer plus de solidarité dans les quartiers, et à promouvoir des valeurs d’engagement, de créativité, ou encore de respect de l’autre.

Exemples : grâce à la subvention de BNP Paribas, un grand maître international de la Fédération française des échecs se rend dans les lycées de Pierrefitte-sur-Seine pour donner des cours. Une association de boxe à Aubervilliers a équipé un espace en ordinateurs et en salle d’étude, pour s’assurer que les devoirs scolaires des ados sont faits avant de les laisser s’entraîner.

BNP Paribas est également satisfaite des retombées en interne. Développer des projets associatifs de proximité est un levier professionnel important pour les collaborateurs sur le terrain : l’enjeu de performance est communicatif et c’est valorisant d’appartenir à un réseau qui soutient l’action locale. La fierté d’appartenance devient une force pour fidéliser le personnel dans les agences de Seine-Saint-Denis.

BNP Paribas est un acteur économique majeur, pesant 2 milliards d’euros de prêts à l’économie locale et sans se départir d’une certaine réserve, les élus constatent que des résultats concrets sont atteints.

Le point de vue des Pantinois

Pour la ville de Pantin, l’arrivée de BNP Paribas Securities & Services était symbolique de tous les changements qui bouleversent cette commune limitrophe de Paris. Les Grands Moulins de Pantin ont été rénovés et pour les Pantinois, c’est d’abord une partie de leur patrimoine qui leur est rendu.

Construite en 1884 sur le site de moulins préexistants, cette minoterie industrielle alimentait en farine la capitale. L’activité industrielle a cessé définitivement en 2003 et 15 années ont ainsi été nécessaires pour redonner à ce lieu une nouvelle destination économique. La municipalité a profité de cette réouverture et de l’installation d’une grande banque privée pour montrer à quel point Pantin a changé.

La mairie a conçu une exposition et un jeu, destinés à faire découvrir les dessous de la ville, auprès de ses propres habitants en priorité. L’exposition regroupe 100 photos prises à Pantin par le photographe Frédéric Nauczyciel durant l’été 2009. Sans légende aucune, ces clichés, collés directement sur les murs, montrent Pantin dans sa réalité. Dans le quartier des Quatre-Chemins (au nord, vers Aubervilliers), on a installé les photos prises aux Courtillières (à l’est, vers Drancy) ou vers la mairie (au centre), et vice et versa. S’y ajoute un jeu astucieux et doté de prix comme le survol de Pantin en hélicoptère (encadré 1) !Côté habitants, ces efforts ne sont pas passés inaperçus et le jeu fait l’objet de développements inattendus : un forum permet aux participants d’échanger leurs bons plans, et un groupe s’est créé sur Facebook. La volonté municipale de se saisir de l’événement pour que les Pantinois connaissent la ville et qu’ils en soient fiers fonctionne d’autant mieux que l’offre de transports s’est nettement améliorée : doublement de la fréquence des RER côté Grands Moulins de Paris depuis décembre 2009, rénovation de la gare et arrivée prochaine du tramway. Pantin a été l’une des premières communes de banlieue à rallier le programme Vélib’ et le RER E la relie en 6 minutes à la gare du Nord, ce qui donne l’image d’une véritable extension du 19e arrondissement de la capitale.

Une urbanisation à deux vitesses

C’est cette proximité de Paris à moindre coût qui a attiré ces dernières années des entreprises comme Hermès ou Bourgeois puis maintenant BNP Paribas. Ce n’est cependant pas représentatif de l’ensemble de la commune, coupée par des voies de circulation importantes, les nationales 2 et 3, les voies ferrées et de RER, sans compter l’immense cimetière parisien de Pantin, qui isole certains quartiers. Les dessertes en métro et en bus se concentrent plus au sud de la ville, laissant des pans entiers de Pantin avec une aléatoire desserte en bus.

Voilà le défi des années à venir pour l’équipe municipale : tirer l’ensemble des quartiers vers le haut, profitant du dynamisme économique de la commune pour réhabiliter des endroits moins assimilables à Paris. Ainsi à partir du 1er janvier 2010, Pantin s’engage dans une communauté d’agglomération avec 8 villes de Seine-Saint-Denis, (Bagnolet, Bobigny, Bondy, Les Lilas, Le Pré-Saint-Gervais, Montreuil, Noisy-le-Sec, Romainville). L’amélioration sensible de la qualité et de l’image de certains quartiers ne peut se faire au prix d’un clivage difficile à gérer. Pantin, comme la Seine-Saint-Denis en général, doit éviter le piège d’une urbanisation à deux vitesses.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº720
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