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Economie

Taux d'endettement du monde : où sont les dangers ?

Créé le

16.08.2017

-

Mis à jour le

30.08.2017

Le taux d’endettement total du monde est extraordinairement élevé par rapport au passé. Faut-il s’en inquiéter ? Aujourd’hui, les taux d’intérêt du monde sont très bas par rapport à sa croissance nominale. En conséquence, la solvabilité budgétaire du monde est largement assurée malgré le déficit public persistant ; le secteur privé ne réagit pas à l’excès de son endettement. Pour que le taux d’endettement du monde devienne un problème sérieux, il faudrait une hausse de 350 points de base environ des taux d’intérêt à long terme nominaux par rapport à la croissance nominale. Le choc à craindre est donc un violent choc inflationniste qui ferait remonter fortement les taux d’intérêt.

Si on calcule l’endettement du monde comme la somme du crédit, de la dette publique et de l’encours d’obligations des entreprises non financières et des banques, on voit que son taux d’endettement total est extrêmement élevé : près de 280 % du PIB en 2017, contre 190% en 1996 (cf. graphique).

Ce niveau élevé de taux d’endettement est-il potentiellement dangereux ? La hiérarchie entre taux d’intérêt nominaux et taux de croissance nominale du monde joue alors un rôle majeur.

Aujourd’hui, les taux d’intérêt sont très faibles par rapport à la croissance : le taux d’intérêt à 10 ans du monde est de 2,8 % et sa croissance nominale de 6,2 %. Ceci permet, malgré le maintien d’un déficit public important, que le monde assure sa solvabilité budgétaire : le déficit public est 2 points de PIB inférieur à celui qui stabilise le taux d’endettement public.

Le taux d’investissement total ou privé du monde est élevé et le taux d’épargne du secteur privé est revenu depuis 2013 à son niveau d’avant la crise, il n’est plus anormalement élevé, ce qui montre que le secteur privé ne réagit pas à son taux d’endettement très élevé.

Dès lors, quel est le pire risque ? Tant que les taux d’intérêt sont nettement inférieurs aux taux de croissance, le taux d’endettement du monde ne pose pas de problème. Le risque serait donc la remontée des taux d’intérêt au-dessus du taux de croissance. Aujourd’hui, ceci correspondrait à une hausse de 350 points de base du taux d’intérêt à long terme du monde, d’où par exemple une hausse à terme de 3 points de PIB des intérêts payés sur la dette publique et la disparition de la solvabilité budgétaire du monde.

Le risque majeur serait donc une hausse brutale des prix des matières premières, du pétrole en particulier : elle ferait remonter l’inflation et les taux d’intérêt nominaux, elle ferait reculer la croissance du monde en volume, et elle pourrait faire passer les taux d’intérêt nominaux au-dessus de la croissance nominale.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº811
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