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Cartes et identification 2011 : un salon de crise

Créé le

21.11.2011

-

Mis à jour le

16.06.2017

Alors que les économies mondiales sont dans la tourmente, l’heure n’est plus aux démonstrations tapageuses mais aux évolutions concrètes. Dans les allées du salon Cartes et identification 2011, tous les exposants se mettent en ordre de marche : moins d’innovation technologique dans le domaine financier, plus d’évolutions pratiques et la ferme volonté de signer des contrats.

À l’heure où les économies mondiales semblent fragilisées les unes après les autres, l’heure n’est pas à l’innovation à tous crins : mieux vaut consolider l’existant et proposer du concret aux clients potentiels. Telle pourrait être en résumé la tendance du dernier salon Cartes et identification qui a eu lieu du 15 au 17 novembre dernier au parc des expositions de Villepinte. Si, parmi les solutions à l’honneur, le M2M [1] , le NFC [2] et le paiement mobile étaient mis en avant, les vraies surprises techniques n’étaient pas dans les domaines bancaire ou financier. Les annonces les plus intéressantes sont plus des produits prêts à être commercialisés, dans les deux domaines déjà mis en avant fin 2010 : le mobile et l’identification.

Le paiement mobile est là

Présent dans la tête de tous les participants, exposants comme visiteurs, le paiement mobile s’est paradoxalement fait discret sur les stands. Exit les multiples stickers présents aux quatre coins des allées, ou les éternels distributeurs de démonstrations plus ou moins bien garnis… Désormais, le NFC et la carte sans contact sont suffisamment bien intégrés dans le monde financier pour ne pas avoir besoin de démonstrations supplémentaires. Ainsi, Giesecke & Devrient affirme qu’au niveau mondial, une quarantaine de ses clients ont déjà effectué un lancement commercial autour du NFC. Un constat partagé par Gemalto qui parle d’« explosions de projets » par rapport à l’an dernier. Pour le fabricant, qui veut se positionner en  TSM [3] entre les opérateurs et les banques, les investissements d’infrastructures sont terminés, les tests en passe d’être finis et il ne reste plus qu’à lancer des offres commerciales. Pourtant, Visa a annoncé un nouveau pilote à Caen avec Crédit Agricole pour  tester le paiement NFC sur 200 smartphones (iPhone, Blackberry et Samsung) – équipés soit d’étuis NFC (pour les iPhone), soit de cartes micro-SD NFC – et laisse entendre que deux banques françaises pourraient décider en 2012 de renouveler systématiquement toutes leurs cartes en interface dual. Oberthur a montré fièrement la carte Cosmoplug vendue à la banque roumaine BRDF, qui cumule paiement et contrôle d’accès (pour les stades de football par exemple) ou billetique (avec la Régie des transports de Bucarest). Quant à MasterCard, la société se réjouit de constater que 9 mois après le début du lancement en Pologne, 10 % des transactions par cartes sont en mode sans contact. En France, l’émetteur a ajouté la marque Casino à l’ensemble de ses enseignes distribuant des cartes de paiement sans contact et indique que McDonald pourrait bientôt adopter ce mode de paiement dans ses restaurants français.

Le paiement P2P, un nouvel Eldorado

En revanche, dans le monde mobile, un autre sujet attire désormais toutes les convoitises. Les démonstrations se sont multipliées pour convaincre les banques et les opérateurs de pays développés d’adopter les modèles de paiement de personne à personne (ou P2P) qui ont déjà séduit les utilisateurs des pays émergents. Tous les fabricants de cartes à puce, sans exception, ont une solution de paiement P2P et les émetteurs de cartes (comme Visa ou MasterCard) proposent également la leur. Pour autant, il manque un point essentiel : comment récupérer l’argent reçu par ce biais ?

Dans sa démonstration, Oberthur prévoit que le destinataire télécharge l’application idoine sur son téléphone, ou se connecte à Internet pour ouvrir un compte. Sur le stand de Gemalto, la méthode n’est pas claire pour les démonstratrices, même si un pas plus loin, la société montre un distributeur de billet où il est possible de retirer de l’argent à partir de son numéro de téléphone mobile et d’un code PIN. Quant à Visa, la société tente depuis octobre de convaincre les banques européennes d’adopter sa plate-forme : or celle-ci n’est compatible qu’entre porteurs de cartes Visa – ce qui n’est pas forcément une information connue au moment de verser de l’argent à quelqu'un –, et Visa Europe ne compte pas l’ouvrir aux autres cartes ou à la possibilité de transférer l’argent directement sur son compte bancaire. Tout au plus, Visa Europe parle de la possibilité d’émettre des cartes prépayées avec la somme transférée « dans un deuxième temps ». À ce rythme, il ne faudra pas s’étonner si de nouveaux entrants comme Paypal, Kwixo ou Google Wallet coupent l’herbe sous le pied des opérateurs de paiement traditionnels.

L’identification s’intègre au cœur des machines

Intel intéresse le monde bancaire. Bien qu’absent du salon, le fondeur était au cœur de tous les esprits dans la partie Identification du salon. En effet, sa technologie IPT [4] , implantée au cœur de ses processeurs de dernière génération Sandy Bridge (les plus récents Core i3, I5 et I7), est ainsi utilisée par Vasco comme par MasterCard pour faciliter l’identification de leurs clients. Chez Vasco, il s’agit de Digipass for Windows où une entreprise peut protéger son réseau avec ses employés en utilisant un mot de passe aléatoire (OTP – One-Time Password) généré directement par le processeur de leurs ordinateurs, et non par un lecteur séparé. Ce système se généralisera pour les particuliers l’an prochain, avec l’ouverture du système « Digipass as a Service ». L’utilisateur disposera en ligne d’un coffre-fort numérique pour stocker des fichiers importants et pourra payer pour utiliser la technologie Digipass avec 2 ou 3 applications qui l’intéressent (banques en ligne, commerce électronique, jeux massivement multijoueurs…). Les clients professionnels de Vasco (dont les banques) pourraient proposer ce service en marque blanche.

MasterCard est l'autre société intéressée par Intel : il s’agira alors de mixer la technologie IPT du fondeur avec le système de paiement sans contact Paypass. Le but est double : utiliser IPT pour l’identification en ligne de l’utilisateur se connectant à sa banque ou achetant sur Internet (et donc l’intégrer au processus 3D Secure) et transformer le PC portable de l’utilisateur (notamment les futurs Ultrabook, modèles haut de gamme ultra-fins) en terminal de paiement sans contact où le propriétaire n’aura qu’à poser sa carte bancaire sur le clavier pour acheter en ligne. Ne rêvons pas, les premiers modèles de ce type devraient sortir seulement l’an prochain aux États-Unis.

1 Machine to Machine : systèmes permettant à des objets de communiquer entre eux sans intervention humaine. 2 Near Field Communication. 3 Trusted Secure Manager. 4 Identity Protection Technology.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº742
Notes :
1 Machine to Machine : systèmes permettant à des objets de communiquer entre eux sans intervention humaine.
2 Near Field Communication.
3 Trusted Secure Manager.
4 Identity Protection Technology.
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