Pour éviter que ne se reproduise une crise comme celle des subprime, l’une des premières mesures prises par les régulateurs, tant européens qu’américains, a été d’imposer aux originateurs des prêts titrisés de conserver sur leur bilan une petite partie des risques cédés. Cette règle, dite du « skin in the game », varie toutefois beaucoup d’un côté et de l’autre de l’Atlantique, comme l’a récemment souligné l’EBA dans une
Une autre différence semble plus problématique : si demain, aux Etats-Unis, c’est le sponsor de l’opération qui s’assurera que la règle de rétention du risque est appliquée, en Europe, c’est à l’investisseur qu’incombe cette responsabilité. C’est aussi à lui d’en payer le prix si d’aventure la règle n’était pas respectée, même durant la vie du titre. « Pour un investisseur bancaire qui détient des tranches AAA, cela veut dire une augmentation de la pondération en risque à 1 250 % contre 7 % normalement, précise Laurent Mitaty. Cela pousse l’investisseur à être très sélectif et cela constitue un frein à l’entrée sur le marché de nouveaux émetteurs sans track record. » Dans sa publication, l’EBA recommande, tout en gardant le système existant, de s’ouvrir à une approche « directe » où le sponsor ou l’originateur serait tenu de rendre publics dans un document standardisé les risques qu’il conserve. « Laisser la responsabilité de cette règle à l’originateur serait plus vertueux, avance Laurent Mitaty. Quitte à accorder un peu de souplesse dans son application en s’assurant que l’originateur garde un profil de risques similaire à ceux qu’il cède, sans forcément chercher une correspondance parfaite avec l’émission. » Enfin, une approche directe aurait le mérite de rapprocher l’Europe de la voie américaine. Un argument que n’a pas manqué de souligner l’EBA dans ses recommandations à la Commission.