Le prochain président de la Réserve Fédérale sera une femme, plus précisément une « colombe » nommée Janet Yellen. Contrairement aux « faucons », cette sexagénaire – qui prendra ses nouvelles fonctions fin janvier 2014 – approuve la politique d'assouplissement monétaire (
Quantitative Easing
[1]
) instaurée par Ben Bernanke. Mais cette stratégie n'est-elle pas en bout de course ? Avant l'été, la Fed avait préparé les marchés à une inflexion progressive (tapering) de cette politique accommodante. Le 15 septembre, quand Larry Summers – candidat favori de Barack Obama à la succession de Ben Bernanke – a jeté l'éponge, les regards se sont tournés vers Janet Yellen : elle serait celle qui allait procéder, avec le doigté d'une « colombe », au fameux tapering.
Mais depuis, le contexte a évolué : à la surprise générale, le 18 septembre, la banque centrale a maintenu inchangée sa politique non conventionnelle, arguant notamment de la fragilité de la reprise américaine et des incertitudes concernant le plafond de la dette. Et en effet, les débats furent douloureux en octobre sur le budget et sur le plafond de la dette. De plus, ils se sont terminés sur un accord qui ne fait que repousser les problèmes. Les discussions reprendront
début 2014
[2]
. La Fed pourra-t-elle se permettre d'amorcer son changement de cap dans une telle incertitude ? La colombe Yellen ne prendra sans doute pas ce risque. Le tapering semble désormais bien lointain. S. G.
1
Dans le cadre du
Quantitative Easing, la Fed recourt à des outils non conventionnels ; par exemple, elle achète chaque mois sur les marchés 45 milliards de titres du Trésor américain et 40 milliards de
Mortage Backed Securities (titre hypothécaire).
2
Le financement de l’administration fédérale est reconduit jusqu’au 15 janvier et le plafond de la dette est relevé jusqu’au 7 février.