L’étude annuelle de l’IEIF « Placements sur longue période » a été récemment publiée
Sans surprise, sur la période la plus longue – de 1978 à 2018, donc sur quarante ans – la hiérarchie des rentabilités est conforme au couple rentabilité / risque :
- les actions arrivent en tête, avec une performance annuelle de 13,7 %, au prix d’une très forte volatilité (on se souvient notamment des chocs de 2001 et de 2008) ;
- l’immobilier, avec des fluctuations nettement moins prononcées, arrive ensuite, avec 11, 9 % pour le logement à Paris et 9,8 % pour les SCPI ;
- viennent ensuite les placements « non risqués » de type fonds euros en assurance vie (6,7 %), obligations (6,0 %) ou livret A (4,7 %).
Actions : des chiffres à la réalité
Une période de dix ans est plus conforme aux préoccupations de l’investisseur. L’étude de l’IEIF analyse toutes les périodes « glissantes » de dix ans, ce qui montre des hiérarchies parfois bousculées.
Prenons la dernière période de dix ans (2008-2018). Au cours de ces dix dernières années, la performance annuelle moyenne des actions, qui arrivent en tête, est de 9,1 %. Fort bien. Mais sont-ils nombreux ceux qui ont acheté des actions en 2008 ? C’est le premier écart entre les statistiques et la réalité. Mais il en existe un deuxième. Comment achète-t-on des actions ? Imaginons un investisseur courageux de 2008. L’année 2011 fut terrible, le CAC 40 perdant plus de 30 % entre février et septembre. Compte tenu du désespoir ambiant, notre investisseur a-t-il résisté à vendre ? Et s’il a vendu, est-il revenu ensuite mais à un niveau plus élevé, quand l’optimisme boursier est revenu ? Il était donc possible de réaliser une performance bien inférieure à ce qu’ont fait les actions sur la période.
L’inverse, en positif, est vrai également. Prenons un investisseur qui aurait décidé d’investir en Bourse chaque année, ou chaque mois, une somme fixe. Du fait des fluctuations très fortes au cours de ces dix années, sa performance aurait été largement supérieure à celle des actions
Un troisième écart entre les statistiques et la réalité doit aussi être mentionné, même s’il est bien connu. On sait qu’un portefeuille géré individuellement fera mieux, ou moins bien que les indices, dans des proportions parfois importantes, et rarement mieux dès que les années se succèdent. Les OPCVM actions répondent de façon satisfaisante à cet écueil.
Immobilier : des chiffres à la réalité
La situation est bien différente avec l’immobilier, qui connaît des fluctuations bien moindres que celles de la Bourse. Mais il y a néanmoins deux sources importantes d’écart entre les statistiques et la réalité de l’investisseur.
Le premier écart provient du caractère « non fongible » de l’immobilier. Chaque immeuble est spécifique, et vit une histoire propre. Les travaux qu’il faut faire, la régularité du versement des loyers, peuvent faire varier la rentabilité d’un bien à un autre. De même, les évolutions des prix peuvent varier en fonction de circonstances très locales. C’est l’argument objectif majeur des SCPI et des OPCI, qui compensent la non-fongibilité de l’immobilier par une diversification importante.
Mais il subsiste un autre écart, selon le mode d’acquisition. Avec ou sans crédit ? Avec éventuellement un mécanisme de démembrement temporaire de propriété ? En direct ou au travers d’un contrat d’assurance vie, ce qui change les frais et la fiscalité ?
Le rôle du conseil
De la performance des placements à celle de l’investisseur, il y a donc une marge non négligeable, qui relève de la façon dont le placement est pratiqué. Avec plus ou moins d’émotion ou de raison. Avec plus ou moins de savoir-faire. Comment améliorer cette situation ? Par une pédagogie auprès des particuliers, tâche de longue haleine mais importante, et en encourageant l’habitude de s’adresser à un conseil.
Guy Marty est le fondateur et directeur de PierrePapier.fr .