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Banques françaises

Le modèle universel à l’épreuve de la digitalisation

Créé le

24.01.2019

-

Mis à jour le

30.01.2019

Pour l’agence de notation S&P Global ratings, les banques françaises pourraient avoir plus de difficultés que d’autres pour digérer les investissements nécessaires à leur digitalisation.

68 % pour les banques françaises contre 58 % pour la moyenne européenne : ces ratios représentent les coûts d’exploitation rapportés aux revenus et montrent que le modèle français est plus coûteux. L’une des explications de ce mauvais coefficient d’exploitation pour les établissements français serait à rechercher du côté des investissements liés à la digitalisation, qui les empêchent de bénéficier pleinement de leurs plans d’économie de coûts. Selon Nicolas Malaterre, analyste principal pour la France au sein de l’agence de notation S&P Global Ratings, « la digitalisation des banques françaises est particulièrement coûteuse dans la mesure où elle est incontournable, ne peut pas être reportée dans le temps, doit s’appliquer à leurs très nombreux métiers et ne vient pas totalement remplacer l’humain, car le modèle de banque universelle accorde une grande importance à la relation client. En plaçant le client au centre de la relation, les banques françaises le séduisent avec un taux de crédit immobilier attractif puis elles l’équipent de nombreux produits (assurance, asset management…). Ce modèle, qui permet à la banque de développer son offre, est menacé par l’intensification de la concurrence qui peut prendre une partie du business. Et face au développement des nouveaux acteurs (fintech, Gafa) qui font évoluer les attentes des clients, on observe des investissements colossaux de la part des banques traditionnelles. » En résumé : les banques françaises pourraient avoir plus de difficultés que d’autres pour digérer les investissements nécessaires à leur digitalisation.

Toutefois, le modèle universel des banques françaises continue d’être analysé comme un facteur très positif par l’agence de notation : selon elle, la bonne diversification du modèle français atténue la pression exercée par la concurrence sur les marges d’intérêt ; cette diversification constitue également un atout en cas de choc et procure une stabilité des revenus qui compense les 10 % d’écart entre le coefficient d’exploitation des banques françaises et la moyenne européenne. De plus, l’agence souligne que le coefficient d’exploitation doit être analysé différemment dans une banque universelle, car la proportion du risque de crédit y est faible sur l’ensemble de son activité ; pour une pure banque de détail, il est important d’avoir des coûts d’exploitation bas, afin d’être capable de faire face au risque de crédit. S.G.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº829
RB