Une nouvelle fonction est apparue dans l’industrie financière ces dernières années : le Chief Data Officer (CDO). Il s’agit d’abord d’un représentant des métiers comprenant les enjeux de l’industrie financière et leur traduction dans l’organisation, qui possède aussi des compétences techniques en gestion de données. Pour quelles raisons cette nouvelle fonction est-elle apparue dans les organisations financières ? Quel devrait être son positionnement et son rôle ?
Contexte de l’apparition du rôle de CDO
Les efforts actuels de rationalisation des systèmes d’information trouvent leurs origines dans une augmentation des exigences réglementaires réclamant une plus grande transparence tout au long des chaînes de valeurs financières et à une augmentation significative du volume des informations à traiter. En effet, les nouvelles exigences réglementaires de reporting
Plus récemment, les exigences issues du
Parallèlement, les canaux digitaux sécurisés sont devenus incontournables dans la relation des établissements financiers avec leurs clients. Ces derniers ont légitimement demandé à connaître leurs portefeuilles d’opérations en temps réel par le biais de ces canaux. Ces services sont ainsi devenus pour eux un critère d’appréciation de la qualité de la relation client. Cela a motivé d’importants investissements d’infrastructures, visant à fiabiliser la relation client par l’amélioration de la qualité des informations traitées et leur sécurité. Pour pérenniser ces services souvent transversaux, il est apparu nécessaire de dédier des équipes permanentes au traitement de la qualité des données partagées.
La diversité des juridictions internes, pas toujours alignées sur le contenu ou le sens des contrôles (Finance, Risques, Conformité…), rend nécessaire l’établissement d’une fonction centrale pilotant les actions relatives à la qualité des données, ne serait-ce que pour éviter, en premier lieu, les retraitements locaux des données reçues.
Ces éléments ont contribué à la prise de conscience des directions générales de la nécessité d’équilibrer les investissements entre les outils et canaux de traitement des données et la gestion des données. En effet, les réponses apportées jusqu’à présent étaient essentiellement d’ordre technique (logiciels), portées par des directions techniques. Ces réponses apparaissent incomplètes face à l’enjeu de disposer de données de qualité. L’intégration des métiers dans la gestion de la qualité des données, vise à développer la qualité du contenu et non plus seulement la fiabilité du contenant, à pérenniser les processus vitaux, notamment dans le contexte actuel de réduction des coûts.
Positionnement du CDO
Les métiers sont les plus à même de définir la gouvernance des
Afin de mettre en œuvre et de piloter ces éléments, des CDO sont apparus ces deux dernières années, traitant du data management d’un point de vue métier et toujours de manière transversale. Ces CDO ont pour première mission, d’établir le cadre de leur intervention et de définir une gouvernance, depuis les principes généraux de la data quality, jusqu’aux standards à utiliser de manière opérationnelle. Les pratiques actuelles nous montrent que :
- cette fonction est directement rattachée à la direction générale, ce qui enlève toute ambiguïté sur son rôle, qui n’est surtout pas celui d’une « super maîtrise d’ouvrage » ;
- le profil est celui d’un senior, ayant déjà expérimenté les problèmes de qualité de données, d’un point de vue opérationnel, dans le cadre de la gestion d’un référentiel, ou celui d’une direction des risques ou financière. Cette sensibilité est nécessaire pour lui permettre d’appréhender plus facilement les enjeux de la qualité de données.
Rôle du CDO
Sensibilité aux processus et outils, à l’infrastructure, mais surtout compréhension des leviers métiers, capacité à motiver et piloter des changements dans la manière de produire ou d’utiliser les données, sont les qualités d’un CDO. Son action peut se définir selon les axes suivants :
- il propose les actions nécessaires pour diminuer les coûts et le temps de production d’une donnée ;
- il s’attache à ce que chaque donnée partagée ait une définition métier unique ;
- il met en œuvre les projets de transformation visant à réduire le nombre de référentiels locaux remplacés par des référentiels centraux normatifs ;
- il définit les méthodes de certification et leur périmètre d’application ;
- il établit conjointement avec les métiers, les modalités du contrôle permanent de la donnée, aussi bien pour le contenu du contrôle (quoi vérifier) que sur le lieu d’exécution du contrôle (où vérifier), dans une logique de réduction des coûts et des temps de traitement ;
- il veille à ce que les projets respectent les standards internes relatifs à la confidentialité et l’intégrité des données, ainsi que les modalités de leur exposition et de leur traçabilité ;
- il définit aussi les protocoles d’audit des données clés, depuis leur niveau élémentaire jusqu’à leur agrégation ;
- il établit une base « Knowledge Management » dédiée à la data quality ;
- il s’assure du bon usage et de la bonne intégrité des données dont l’établissement n’a pas la pleine propriété intellectuelle ;
- il établit les indicateurs de mesure de son action.
Les CDO doivent rapidement circonscrire leur domaine d’intervention, définir le niveau d’implication des métiers dans le data management et les moyens à mettre en œuvre pour réaliser leur mission complexe.
L’introduction du rôle de CDO, comme garant de la maîtrise des données et des processus associés, devrait donc permettre aux organisations de mieux se préparer aux mutations technologiques en cours et à venir.