Square

Gouvernance économique de l’UE

Agnès Bénassy-Quéré : « Les États pourraient être autorisés à émettre davantage de dette »

Créé le

13.02.2020

La Commission a lancé le 5 février 2020 un débat visant à réformer les règles budgétaires que doivent respecter les États membres de l’Union européenne. Comment ce réexamen de la gouvernance économique de l’Union pourrait-il prendre en compte les remarques formulées par Mario Draghi et Christine Lagarde, qui estiment que la BCE est arrivée au bout de ses possibilités ?

La politique monétaire menée par la BCE ne parvient pas à atteindre son objectif d’inflation, celle-ci demeurant trop basse. La BCE mène notamment une politique de quantitative easing pour relancer l’inflation, mais cette politique a atteint ses limites. En effet, il n’y a pas, sur le marché, suffisamment de dette publique accessible à la BCE, qui doit respecter de nombreuses règles (par exemple, elle ne peut pas acquérir plus de 33 % d’une même souche obligataire) ; de plus, cet actif est très recherché par la plupart des investisseurs qui sont très demandeurs, par exemple, de dette allemande. Pour remédier à ce problème et, plus généralement, faire le lien entre politique monétaire et politique budgétaire, la Commission pourrait utiliser la stratégie de green deal qu’elle vient de lancer.

Quel serait le rôle du green deal ?

Les États pourraient être autorisés, dans le cadre d’une modification du Pacte de stabilité, à émettre davantage de dette à la condition que les montants levés au-delà des plafonds actuels soient consacrés à l’investissement dans la transition écologique. Cette dette verte serait émise non seulement par les États, mais aussi par des institutions publiques comme la BEI, qui devrait donc être recapitalisée. Ainsi les volumes de dette publique augmenteraient sur les marchés et le quantitative easing de la BCE serait plus efficace. Bien sûr, la monétisation des déficits resterait interdite.

Le moment est-il favorable pour investir sur la transition énergétique ?

Que ce soit pour investir sur la transition énergétique ou sur les infrastructures de façon générale, le moment est très favorable puisque le taux de croissance est supérieur aux taux d’intérêt.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº842
RB