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Euro PP : LCL veut aligner les intérêts des banques et des investisseurs

Créé le

16.01.2015

-

Mis à jour le

29.01.2015

LCL vient d’arranger une opération de financement pour Emera, ETI spécialisée dans les résidences retraite. Vous la qualifiez de « deux en un ». En quoi est-elle innovante ?

Emmanuel David : 70 millions d’euros ont été prêtés sur 6 ans à la société Emera : 40 millions sous forme d’un financement bancaire apporté par ses partenaires historiques, LCL, Arkéa, Banque Populaire Atlantique et BNP Paribas, et 30 millions sous forme de  placement privé de type Euro PP, par Amundi et La Banque Postale pour son compte propre. LCL a également participé à l’émission Euro PP pour aligner ses intérêts sur ceux des investisseurs et ainsi les rassurer. L’innovation du montage vient du fait que ces deux financements ont été placés sous un seul et même contrat. Banques et investisseurs bénéficient donc d’une égalité de traitement (pari passu) et partagent les sûretés. Jusqu’ici, ce type de montages prévoyait deux documentations distinctes.

Pourquoi avoir conçu un tel montage ?

ED : En adossant un placement Euro PP au financement bancaire, l’émetteur a pu allonger la maturité de son prêt. Près de la moitié du financement est ainsi in fine, une proportion que les banques seules n’auraient pu atteindre car cela aurait été notamment plus coûteux en fonds propres. Par ailleurs, l’émetteur fait des économies sur les frais liés au montage : pas de double coût juridique du fait de la documentation unique, pas d’agent payeur à rémunérer en plus de l’agent du crédit, un interlocuteur unique qui coordonne l’ensemble des intervenants.

Le comportement des financeurs bancaires et alternatifs peut varier en cas de difficultés de l’entreprise. Ce montage prévient-il cela ?

Laurent Peyrot : Le marché des Euro PP est récent et n’a pas été confronté à une situation de défaut. Il est vrai qu’il peut être moins compliqué de rééchelonner une dette pour une banque que pour un investisseur avec un horizon d’investissement prédéfini qui le conduirait à privilégier une cession d’actifs par exemple. Avec le montage que nous avons conçu, une certaine solidarité s’installe entre créanciers car ils sont toujours sous le même contrat, ce qui leur garantit un meilleur alignement des intérêts.

Les acteurs bancaires doivent-ils s’inquiéter du mouvement de désintermédiation qui les expose à la concurrence des financeurs alternatifs ?

LP : Non, ces formes de financement sont avant tout complémentaires. Chez LCL, nous sommes à la recherche de solutions de financement innovantes pour nos clients, qui leur permettent de diversifier leurs sources de financement, d’allonger la maturité de leur prêt ou de développer leur notoriété financière – ce qui présente un avantage pour lever rapidement des fonds pour une acquisition future.

Seriez-vous favorable à une ouverture du fichier Fiben aux financeurs alternatifs, comme certains le réclament ?

LP : Ce serait une très bonne chose de partager l’information financière disponible. Mieux les investisseurs appréhendent la situation des émetteurs, plus il sera facile pour nous de développer les Euro PP. Mais il faut que cela se fasse dans un cadre protecteur de la confidentialité des données de ce fichier.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº781