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Deleveraging des banques françaises : bilan d’étape

Créé le

24.02.2012

-

Mis à jour le

24.07.2012

Quel élément marquant peut-on retenir des résultats annuels des banques françaises, hors Dexia ?

À part Crédit Agricole SA, pénalisé par des éléments exceptionnels, les groupes bancaires cotés ont fait preuve d’une assez belle résilience, en dépit du choc de la Grèce. Leur résultat net agrégé s’établit ainsi à 8,5 milliards d’euros contre 14,8 en 2010, pour un coût total lié à la situation grecque (provisions au titre de la dette souveraine et des filiales bancaires) de 7,3 milliards.

Où en est leur programme de deleveraging ?

Suite à la crise de liquidité de l’été 2011, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole se sont engagées à réduire leur bilan pour un montant agrégé de 400 milliards d’euros, soit respectivement 210, 100 et 90 milliards estimés pour chacune d’entre elles. Pourtant, fin 2011, seul le bilan comptable [1] de BNP a diminué (-33 milliards, passant de 1998 à 1965 milliards), ceux de CASA et de Société Générale progressant de 130 et 49 milliards. J’exclus de ces calculs Natixis qui avait entrepris une telle démarche dès l’été 2009.

Faut-il s’inquiéter ?

La réduction du bilan ne se voit pas encore dans les comptes, mais l’objectif de 400 milliards est tout à fait gérable. Toutes choses égales par ailleurs, et en agrégé pour ces trois banques, cela aurait un impact négatif récurrent de 3 milliards sur le PNB et de 800 millions sur le résultat net, hors moins-values éventuelles de cessions. Une réduction de la volatilité sur les marchés réduira par ailleurs mécaniquement la valorisation des produits dérivés hypertrophiés dans les bilans 2011. Il s’agit essentiellement pour elles de céder des actifs de trading, ce qui n’est pas le plus difficile, et, à la marge, des portefeuilles de prêts en dollars. Il ne faut pas oublier que ces 400 milliards d’euros de réduction de bilan sont peu ou prou l’effort consenti en trading entre 2008 et 2009 par UBS seul.

La liquidité en dollar est-elle toujours une menace ?

Suite au retrait des fonds monétaires américains (MMF) cet été, les banques françaises n’ont eu d’autre choix que de cesser dans l’urgence certaines activités qu’elles ne pouvaient plus financer. Cette démarche aurait pu être entreprise dès 2008, dans le calme et sans trop peser sur la rentabilité. Aujourd’hui, les MMF reviennent sur le marché européen, rassurés par les interventions de la BCE. La crise est temporairement résolue mais, le temps passant, il ne faudrait pas reprendre d’anciennes mauvaises habitudes. Je crois toutefois que la leçon a porté.

1 C’est-à-dire non pondéré des risques.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº746
Notes :
1 C’est-à-dire non pondéré des risques.
RB