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Guerres, systèmes financiers et transition

Créé le

02.01.2024

[WEB ONLY] Le commerce mondial des matières premières, en particulier énergétiques, est perturbé, et pourrait remettre en cause la stabilité financière, alerte la Banque de France.

« Les risques pourraient ressurgir et s’amplifier », prévient la Banque de France dans son Bulletin « Les conséquences des chocs énergétiques sur la stabilité financière à l’aune de l’épisode de 2022 ».

Ce document, publié le 20 décembre 2023, décrit les mécanismes à l’œuvre lorsque la guerre en Ukraine a créé un choc d’offre sur le gaz naturel russe, avec des risques tant directs qu’indirects sur la stabilité financière. « Ses répercussions sont directes à travers l’augmentation des prix de gros du gaz et de leur volatilité, et indirectes par les effets de second tour macroéconomiques et les politiques de correction des prix mises en place », expliquent les auteurs. Si la baisse du cours européen de référence (Title Transfer Facility, TTF) sur les derniers mois de 2022 a permis d’en limiter la réalisation, « ces problématiques pourraient revenir avec une nouvelle acuité à l’hiver 2023-2024 », pointent-ils.

Cet hiver, la guerre en Ukraine se poursuit et un nouveau conflit a éclaté entre Israël et le Hamas à Gaza. Ce dernier engendre des incertitudes sur les marchés et a pour conséquence de perturber le commerce mondial, en particulier des hydrocarbures, avec des attaques de conteneurs en mer Rouge, dissuadant les armateurs d’emprunter le canal de Suez.

Les possibles conséquences d’une transition « désordonnée »

La Banque de France analyse plus particulièrement dans son Bulletin 249/7, le rôle des chambres de compensation dans la transmission du choc. Ce point spécifique avait été évoqué par Stéphane Giordano, président de l’Association française des marchés financiers (AMAFI), dans une interview publiée par Revue Banque dans son supplément de juin 2022 : « Le conflit rappelle que les matières premières peuvent être utilisées comme armes. »

Au-delà de la crise de 2022, les experts des directions de l’Économie et de la Coopération internationales, et de la Stabilité financière à la Banque de France alertent : « Cet épisode illustre les conséquences que pourrait induire une transition énergétique et climatique désordonnée, dans laquelle l’offre et la demande d’énergie seraient soumises à d’importants déséquilibres. » Une problématique soulevée par plusieurs contributeurs de Revue Banque.

RB