Avec une présence au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Espagne, vous êtes l’une des banques arabes les plus largement implantées en Europe. Pourquoi ce choix ?
Il est la conséquence de la taille du groupe Arab Bank lui-même. Notre maison mère est en effet présente dans tous les pays arabes. Or les liens commerciaux qui les lient avec l’Europe sont nombreux. Pour être bien implantés dans les pays arabes, nous avions donc besoin d’être présents dans les pays européens. Cela fait maintenant plus de 30 ans que nous nous y sommes développés avec un objectif : être un pont financier entre l’Europe et le Moyen-Orient. Il s’agit d’accompagner le business dans les deux sens : les Européens qui veulent investir dans le monde arabe et les Arabes qui souhaitent commercer avec les pays européens. À la différence des autres banques de la région, qui peuvent être très grandes mais qui restent attachées à leur pays d’origine, Arab Bank est une banque panarabe, présente dans 20 pays de la zone MENA. Cela multiplie d’autant le potentiel des flux commerciaux et d’investissement que nous pouvons accompagner : ceux entre la France et l’Afrique du Nord, entre le Royaume-Uni et le Golfe, entre l’Italie et la Libye… Nous nous appuyons sur une stratégie « many to many » et non « one to many».
Comment est organisée Europe Arab Bank ?
En 2006, nous avons décidé de rassembler l’ensemble de nos succursales européennes sous une même entité : Europe Arab Bank. Ce nom a été choisi pour mettre en avant la dimension européenne. Notre banque n’est ni anglo-arabe, ni franco-arabe… Notre licence a été délivrée par le FSA britannique et nous opérons dans l’ensemble des pays où nous étions auparavant,
Pourquoi avoir choisi le Royaume-Uni comme tête de pont de vos activités ?
C’était notre plus ancienne succursale et elle était beaucoup plus développée que les autres. Par ailleurs, Londres est bien connue pour être la capitale des affaires financières. Elle l’était à l’époque et malgré la crise, elle le reste.
Quelles activités proposez-vous à vos entreprises clientes ?
Nous sommes sur l’ensemble des activités bancaires, mise à part la banque de détail, que nous avons organisées en quatre départements. Celui du « Corporate and Institutional Banking » constitue la majeure partie de notre activité et elle est présente dans l’ensemble de nos implantations européennes. Elle inclut les activités de trade finance, de financement de projet et les services aux institutions financières. Le deuxième département est celui de la banque privée, pour nos clients qui souhaitent conserver leurs fonds sur une place financière très sûre, auprès d’une enseigne également très sûre. Nous avons 1,4 milliard d’euros de dépôts, répartis entre le Royaume-Uni et la France, via nos agences de Paris et de Cannes. Ce chiffre est en progression ces dernières années, malgré la crise financière, grâce à notre gestion très conservatrice. Nos produits sont basiques avec un profil de risque faible. Il s’agit de services plus proches du « premiere banking » que du « private banking ». Le troisième département est celui de la gestion de trésorerie, centrée sur une activité de change, en particulier avec les devises du Moyen-Orient. La finance islamique est notre quatrième département ; il est transversal et peut concerner les activités de CIB comme de banque privée. C’est une banque dans la banque (voir Encadré).
Avez-vous des projets de développement dans d’autres pays européens que les six dans lesquels vous êtes déjà implantés ?
Actuellement, notre couverture géographique nous convient. Si de nouvelles opportunités d’affaires mettant en jeu un pays européen dans lequel nous ne sommes pas présents apparaissent, nous pourrions alors envisager la création d’une autre succursale.
Pourquoi ne pas développer la banque de détail pour servir la communauté arabe présente en Europe ?
C’est une autre stratégie, qui demande d’importants investissements en infrastructures, en conception de produits, en publicité, et beaucoup de patience. Cela n’en vaut pas la peine. Nous ne sommes pas en Europe pour concurrencer les grandes banques nationales. Les ressortissants arabes préfèrent toujours avoir une carte et un compte chez elles.
Quel impact ont les troubles actuels dans le monde arabe sur votre activité ?
Depuis trois ans, nous nous sommes fixés l’objectif d’être la première banque pour les entreprises européennes dans leurs affaires avec le Moyen-Orient. Notre développement connaît aujourd’hui un ralentissement du fait de cette crise régionale, qui se rajoute à la crise financière mondiale. Cette année, nous souffrons surtout d’un manque de visibilité. Combien de temps va durer la transition, une fois la phase de soulèvement passée ? Combien vont coûter ces troubles ? Chaque pays sera un cas particulier et devra être étudié comme tel.
Nous aboutirons ensuite à une situation plus stable, avec plus de démocratie et moins de corruption. Le contexte des affaires sera amélioré, de même que les fondamentaux économiques, ce qui sera favorable aux projets des entreprises européennes avec la région. Nous sommes optimistes : les entreprises avec lesquelles nous travaillons sont des partenaires ; leurs stratégies sont inscrites sur le long terme et elles ne partiront pas de la région.