Les assureurs apprécient depuis longtemps les caractéristiques qu’offre le secteur des infrastructures, dans lequel ils investissent traditionnellement en prenant des parts de fonds qui eux-mêmes détiennent des actions des projets (souvent des
Toutefois, Éric Béquet n’imagine pas les banques se retirer des infrastructures. « Les banques savent mettre en place ces projets qui leur procurent des marges et les mettent en relation avec de nombreux acteurs économiques, c’est-à-dire des clients potentiels. Il y a donc là un intérêt stratégique pour elles. Et de toute façon, les assureurs sont incapables aujourd’hui de réaliser un montage et répondre à un appel d’offres pour financer un projet d’infrastructure. Les banques vont donc globalement rester sur ce marché, mais elles seront sans doute moins nombreuses. De toute façon, les besoins de financements de projets sont tels qu’il y a de la place pour de nouveaux prêteurs non bancaires ». Les assureurs sont donc candidats pour investir dans la dette, mais la réglementation demeure un obstacle. « Le Code des assurances n’est pas favorable à la détention de loans en direct, confirme le directeur financier d’Aviva France, Philippe Gravier qui a longtemps travaillé à Bercy. Toutefois, il existe une volonté claire de favoriser le financement des infrastructures sur le plan réglementaire. »
Autre réserve face à la détention de loans en direct : il faut constituer une expertise en interne, notamment sur la gestion des covenants. Donc de nombreux assureurs pensent préférable d’investir dans un premier temps via des fonds de dettes, même si cette formule pénalise certains, d’après les règles édictées par le Code des assurances.
Imiter les banques
Toutefois, Philippe Gravier se veut rassurant : « Les choses évoluent dans le bon sens puisque, en octobre dernier, un décret a vu le jour, favorable aux fonds communs de
Ces véhicules de dette ne sont pas seulement une solution d’attente pour les assureurs qui souhaitent détenir des prêts en direct. Ils constituent également pour les compagnies un sas d’apprentissage qui pourrait les mener à imiter les banques, comme l’envisage Éric Béquet : « Ces investissements au travers de fonds nous permettent d’acquérir peu à peu une expérience et de faire du co-investissement ce qui nous permettra peut-être, dans quelques années, de répondre à des appels d'offres comme le font les banques traditionnellement ». Les banques n’ont qu’à bien se tenir.